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LA NATURE.

chez le rhinocéros. Dans sa partie faciale il est percé d’un grand trou. Au-dessus des orbites, le frontal donne naissance latéralement à une crête saillante qui devait protéger efficacement l’œil de ces animaux lorsqu’ils se battaient entre eux. Sur cette crête se trouve une petite protubérance qui ressemble à un axe de corne très-réduit, mais d’après sa position immédiatement en avant de la crête latérale, on ne peut pas supposer qu’elle ait porté une véritable corne.

Les os intermaxillaires sont massifs et très-remarquables en ce qu’ils supportent une paire de cornes osseuses, robustes et coniques. Ces protubérances sont rapprochées entre elles à leur base, et leur sommet est obtus, arrondi même. Au-dessous de ces cornes se trouvent les énormes dents canines qui sont implantées dans leur base. En arrière de ces défenses, on voit une barre de médiocre longueur, suivie d’une rangée de six petites dents prémolaires et molaires, dont la couronne est garnie de deux collines transversales, séparées entre elles du côté externe, mais se rejoignant à leur extrémité interne.

Les os nasaux sont massifs et se prolongent beaucoup antérieurement. En avant des arcades zygomatiques, ils se resserrent et constituent la partie inférieure de la surface interne des cornes maxillaires, ainsi qu’une élévation située entre celles-ci. De ce point jusqu’au bord antérieur de la suture naso-intermaxillaire, ils augmentent un peu en longueur, puis ils se rétrécissent de nouveau jusqu’au bout du museau.

Les membres des Dinocerata ressemblent beaucoup à ceux des proboscidiens, mais sont plus courts proportionnellement. L’humérus est court, massif et assez semblable à celui de l’éléphant par ses caractères essentiels ; une des différences les plus marquées consiste en ce que la grosse tubérosité n’est que peu comprimée et ne s’élève pas au-dessus de la tête de l’os. La crête condylienne de l’extrémité inférieure est tuberculiforme et ne se continue pas supérieurement sur le corps de l’os. L’extrémité inférieure de l’humérus ressemble beaucoup à celle du rhinocéros ; les proportions sont à peu près les mêmes. La tête du radius est appliquée contre le milieu de l’articulation cubitale et le corps de cet os ne croise pas le cubitus aussi obliquement que chez l’éléphant.

Les cornes des Dinocerata constituent un caractère fort remarquable. Celles des os nasaux étaient probablement courtes et dermiques, à peu près comme celles des rhinocéros, mais plus petites ; celles des os maxillaires étaient coniques, très-allongées, et constituaient certainement des armes défensives puissantes. Les cornes postérieures étaient les plus grandes, et la forme comprimée de leur axe osseux indique qu’elles étaient élargies et peut-être branchues[1].

M. Alph. Milne Edwards, en rendant compte, de l’intéressante découverte du professeur Marsh, dans une des réunions de la Société philomathique, a fait remarquer que, d’après la forme et la disposition de ces trois espèces de protubérances osseuses, il incline à penser qu’elles pourraient bien ne pas avoir porté de cornes, mais correspondre à des lobes dermiques analogues à ceux dont la tête des Phacochères est garnie, et qui prennent chez les vieux mâles un développement considérable. M. Alph. Milne Edwards a ajouté que, par la forme allongée de la tête, la concavité de la région frontale, ainsi que par l’existence de pièces osseuses, qui semblent être comparables aux os du boutoir, le Dinoceras mirabilis offre certaines ressemblances avec les Porcins.

Les investigations du professeur Marsh n’ont pas été bornées à l’étude de mammifères ; le savant paléontologiste de Yale-College a mis la main sur une nouvelle sous-classe d’oiseaux fossiles très-remarquables, désignés sous le nom d’Odontornithes ; il a ouvert la voie à de nombreux explorateurs qui continuent ses conquêtes géologiques, et ses travaux doivent être rangés parmi les plus importants documents géologiques de notre époque.


LES TUBES A EFFLUVES
expériences récentes de m. houzeau. — travaux de mm. paul et arnould thénard.

La bobine d’induction de M. Ruhmkorff est aujourd’hui un instrument classique que possèdent tous les laboratoires. On l’emploie habituellement pour obtenir les étincelles destinées à combiner les gaz dans les analyses eudiométriques, mais son rôle ne se borne pas à provoquer des combinaisons ; elle exerce encore des décompositions et on utilise cette propriété particulière dans les cours de chimie, notamment pour faire voir qu’au moment de sa décomposition en azote et en hydrogène, le gaz ammoniac double son volume primitif. On n’obtient jamais cependant, dans cette expérience, un résultat tout à fait exact, car l’étincelle d’induction qui sépare le gaz ammoniac en ses éléments est aussi capable de déterminer de nouveau leur combinaison pour reformer le gaz primitif ; elle exerce ainsi deux actions absolument contraires : l’une qui semble due à une véritable action électrique, l’autre à la chaleur qui accompagne le passage de l’étincelle.

On conçoit qu’il y ait avantage à séparer ces deux actions puisqu’elles sont capables d’agir en sens inverse, et c’est surtout dans la préparation de l’ozone que cette séparation serait précieuse, puisque l’ozone qui se forme facilement sous l’influence des étincelles, se détruit par l’action de la chaleur. C’est précisément en vue d’obtenir plus facilement l’ozone que M. Houzeau a construit récemment un appareil animé par une bobine de Ruhmkorff, dans lequel il n’y a plus d’étincelles lumineuses, mais seulement des décharges obscures, des effluves singulièrement plus efficaces pour obtenir l’oxygène modifié.

  1. American Journal of Science and Arts, 1873. — Annales des sciences naturelles. 5e série.