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LA NATURE.

rent, les villes se bâtirent et il ne fut bientôt plus possible de reconnaître ces vastes prairies aux fleure éclatantes, où paissaient naguère des gazelles, des éléphants, des girafes et tous les animaux de l’Afrique australe. Mais les résultats n’avaient pas répondu aux espérances qu’on avait conçues, déjà bon nombre de mineurs avaient quitté le pays lorsqu’on rencontra des pierres précieuses dans les deux districts de Bloomfontein et de Potchefstroom. Les endroits les plus fertiles en diamants, c’étaient les rives des deux Vet-Fluss, affluents du Vaal et les champs de Pniel. Généralement on les trouvait soit isolés, soit enfermés dans des gangues, mais toujours au milieu de galets fluviatiles et de blocs de quartz, gros comme une noix, et de morceaux de fer noir. — L’année dernière, dans les camps de Du Toits-pan 40 000 hommes retournaient le sol avec une activité fiévreuse, creusant des puits, lavant et triant des diamants. On ne peut imaginer l’aspect de ces villes étranges où l’on rencontre à côté de tentes, de voitures, de maisons en bois ou en fer, de huttes de terre ou de paille, des hôtels, des boutiques, des magasins aussi bien assortis qu’à Londres. Quelques mineurs ont fait leur fortune d’un seul coup, tandis que d’autres fouillent vainement le sol. Grâce à cette fièvre qui dure depuis déjà plus de quatre ans, on s’obstine à chercher une fortune rapide mais bien aléatoire, lorsqu’on a sous la main tous les éléments de la richesse : un sol étonnamment fertile et d’immenses prairies favorables à l’élève du mouton.

G. M.

LES PHOQUES DU LAC BAÏKAL

M. P. Dybowski, publie dans les Archiv. für Anatomie Physiologie, etc., une curieuse étude sur les principaux habitants du grand lac de la Russie d’Asie, dont les eaux douces, et très-profondes, s’étendent comme on le sait sur une surface considérable.

Selon M. Dybowski, lit-on dans les Archives des sciences physiques et naturelles de Genève, où le rédacteur reproduit le travail du savant naturaliste, les phoques seraient assez communs dans le lac Baïkal ; cependant on a peu d’occasions de les observer. Les habitants du pays assurent qu’ils ne viennent jamais ramper sur le rivage. L’époque du rut tombe sur les mois de juillet et d’août, et l’accouplement a lieu à la surface de l’eau. Les jeunes viennent au monde après six ou sept mois de gestation, c’est-à-dire en janvier ou février, et sont déposés sur la glace. Ils diffèrent des adultes par la forme de leur corps et par leur pelage. Leur longueur est relativement assez considérable, puisqu’ils ont au moment de leur naissance 0m, 69 et qu’ils ne semblent atteindre à l’état adulte que 1m, 30. Par contre le contour du corps n’est que de 0m, 33, tandis que chez l’adulte il est près de 1m, 20. Le développement du nouveau-né est très-avancé ; il n’y a point de fontanelles, le crâne est complétement ossifié, et les sutures n’offrent qu’une très-mince couche de cartilage. En avançant en âge l’animal augmente beaucoup plus rapidement en circonférence qu’en longueur. Les jeunes d’une année diffèrent peu des nouveau-nés pour leur longueur, tandis qu’ils l’emportent déjà beaucoup sur eux en corpulence et en poids. Cette particularité explique comment il se fait qu’on ait pris souvent des jeunes pour des adultes. Ainsi, selon M. Dybowski, G. Radde a pris un jeune de sept à huit mois pour un animal de trois à quatre ans.

Depuis le commencement de janvier, les phoques doivent vivre sous la glace qui recouvre le Baïkal jusqu’au milieu de mai. Comment, pendant ces quatre mois, viennent-ils respirer à la surface ? C’est une question à laquelle l’auteur ne peut pas répondre d’une manière complètement satisfaisante. Entre Kultuk, Lislvinitschnaja et Wydrennaja, c’est-à-dire dans toute la partie sud du lac étudié par M. Dybowski, et comprenant une longueur d’environ 90 verstes, on ne peut découvrir pendant l’hiver aucune ouverture dans la glace ; celle-ci a partout une épaisseur de 0m, 60 à 1 mètre, et l’on n’aperçoit pas la moindre trace des phoques. Vers la fin de mars seulement, ou dans les premiers jours d’avril, on commence à trouver, au moyen de chiens dressés dans ce but, les soupiraux servant à leur respiration. On y place des filets faits de crins de cheval pour prendre de jeunes phoques. Ces orifices varient de forme et de grandeur ; ils consistent généralement en trous courts, infundibuliformes, élargis dans le bas. Un soupirail de ce genre, observé par M. Dybowski à sept ou huit verstes du rivage, formait un trou d’un mètre de diamètre percé dans une glace de 0m, 60 d’épaisseur, à une place où le lac avait une profondeur de 850 mètres.

L’auteur suppose que ces voies de communication avec l’extérieur existent depuis la formation de la première glace, mais qu’on ne peut les découvrir dans le commencement de l’hiver au-dessous de la neige. Selon lui, ces orifices sont produits par les phoques eux-mêmes, sans qu’il soit encore possible de dire comment ces animaux s’y prennent pour les percer et les maintenir ouverts.


LES APPLICATIONS DE LA PHYSIQUE
Par M. Amédée Guillemin[1]

L’auteur du Ciel et des Phénomènes de la physique n’a pas besoin d’être recommandé au public ; depuis l’apparition de ce premier ouvrage qui, plusieurs fois réédité en France, a été traduit dans presque toutes les langues, M. Guillemin est accoutumé au succès. Le nouveau volume qu’il vient de faire paraître, offre un grand intérêt ; jamais sujets plus riches,

  1. Un volume grand in-8o, contenant 427 figures et 22 planches. — L. Hachette. Paris, 1874.