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N° 28 — 13 DÉCEMBRE 1873
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LA NATURE.

VOYAGES ET DÉCOUVERTES
dans la nouvelle-guinée.

La Nouvelle-Guinée est une des régions les moins connues du globe ; si le centre des grands continents, tels que l’Afrique, l’Asie, l’Australie, offre de grandes lacunes géographiques, les côtes sont au moins délimitées, la configuration des terres a été déterminée. Il n’en est pas de même pour la Nouvelle-Guinée. L’accès de ce pays, vierge en grande partie du contact des Européens, a été interdit jusqu’ici par le caractère hostile des indigènes, par le manque de bons mouillages, par les récifs qui opposent une barrière le long des côtes, et par l’insalubrité d’une grande partie du littoral.

Ce grand continent insulaire de l’océan Pacifique, situé dans la Mélanésie, a une surface presque double de celle de la France, quoique le développement des côtes soit de 1 400 lieues, au lieu que celui des nôtres n’est que de 700 lieues.

Baie Moresby (Nouvelle-Guinée), visitée pour la première fois par le Basilic. (D’après une photographie du lieutenant Mourilyan, membre de l’expédition.)

Les Hollandais ont été les pionniers de la colonisation dans ces régions sauvages ; mais aujourd’hui les conquêtes dues à la persévérance de la race anglo-saxonne s’étendent de plus en plus dans les nombreux archipels de l’Océanie. Des côtes de l’Australie, les colons anglais se sont dirigés sur la Nouvelle-Zélande, puis de là sur les Fidji, où ils plantent maintenant le coton. La faible distance qui sépare l’extrémité sud de l’Australie des côtes de la Nouvelle-Guinée, les attire vers ces lieux où ils n’ont pas à craindre de rivalité.

Depuis François Serrano qui reconnut les premières terres en 1511, les expéditions portugaises, hollandaises et anglaises laissèrent chacunes quelque fait nouveau à ajouter à la géographie du pays ; la France aussi, prit part à ces conquêtes, car les noms de nos navigateurs célèbres, appartiennent à un grand nombre de points de la carte.

Aujourd’hui les principales nations d’Europe, témoins des prodiges accomplis par la colonisation australienne, ont tourné leurs regards vers cette terre restée encore en possession des indigènes. En 1870, M. Miklucho-Maclay, jeune savant russe, débarqua à la baie de l’Astrolabe ; il séjourna plusieurs mois visitant le pays, jusqu’à ce que les fièvres le contraignirent à quitter le pays. Un Italien M. O. Beccari visitait en 1871 les îles de la mer d’Arafoura et quelques points du continent Guinéen. Mais, ce sont les Australiens qui dans ces derniers temps développèrent le plus d’activité dans ces investigations géographiques. Les missions de Londres, ayant établi plu-