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N° 38. 21 FÉVRIER 1874.
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LA NATURE.

mières lueurs de la civilisation, Baker a soumis toute cette immense vallée à l’Egypte, maisle grand voyageur n’est devenu conquérant que par amour de l’humanité, il a fait la guerre non aux habitants paisibles mais aux négriers qui les emmenaient encsclavage, et c’est à tort que l’on appelle sir Samuel le Pizavreou le Cortez africain : les vainqueurs des [ncas et des Aztèques n’ont été que d’avides tyrans ; Baker qui n’a jamais combattu que le bon combat, ne se peut comparer qu’à Rima le dieu guerrier vainqueur du Mal Cette brillante expédition militaire a parcouru, entre Rionga et Masindi, à l’est de l’Albert Nyanza, 130 kilomètres dans une région totalement inexplorée.

Le progrès est lent, mais pourtant il s’accomplit peu à peu. Baker, au nom du khédive d’Egypte a aboli l’esclavage dans la région du Nil blanc ; sir Bartle Frere a obtenu du sultan de Zanzibar la suppression de la traite ; les Russes ont imposé la libération des esclaves aux khans de khiva et de Boukhara, et les Portugais viennent d’abolir la traite des coolies à Macao. Nous arrivons ainsi à l’Asie en compagnie de M. Maunoir. Non compris ceux des colonnes expéditionnaires contre Khiva, plusieurs itinéraires intéressants y ont été parcourus par des voyageurs isolés. M. Ney-EHas a visité le désert de Gobi et la Mongolie sur une étendue de 2, 500 kilomètres de Pékin à la frontière de Sibérie. Le capitaine d’état-majar russe Ptijevalski, parti également de Péking, a remonte la rive gauche du IIoang-Ho jusqu’aux environs du lac Khoukhounoor. Dans ce voyage de 5, 300 kilomètres, il a découvert 400 espèces de plantes, 10 de mammifères et Au d’oiseaux encore inconnues. [Image à insérer]

Le baron de Richtofen a étudié spécialement les montagnes de la Chine. Pour débrouiller l’orographie de cette contrée le voyageur a traversé le Céleste Empire de Canton à Moukden, par Hankéou et Pékin, il aprouvéque cette immense région est divisée par le prolongement de la chaîne du Kouen — Luen en deux parties l’une, méridionale, montagneuse, l’autre septentrionale, composée de vastes plaines et, plus au nord, de grands plateaux. Beux explorateurs français ont aussi visité la Chine ; l’abbé Armand David et l’infortuné lieutenant Francis Garnier, dont M. le secrétaire de la Société de géographie ne pensait pas, en lisant sonbrillant résumé, que nous apprendrions l’assassinat quelques jours plus tard [1]. M. Giles a exploré le centre de l’Australie, d’août à novembre 1872. L’intérieur de l’Australie, comme certaines parties de l’Afrique, ainsi que nous le disions plus haut, fuit songer involontairement aux paysages et à la topographie lunaires, c’est-à-dire à ce qu’il y a de plus aride, de plus horrible et de plus désolé dans l’univers ; mais, tandis que la lune

  1. Voy. p. 133.