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LA NATURE.

quand la dissolution de savon a été préparée, on abat une herse W (voy. la gravure), et huit ou dix moutons descendent par le chemin X, alignés comme des soldats conduits au champ de bataille ; ils pénètrent d’abord dans le réservoir à savon, où des ouvriers les frottent et les netloyent avec un soin scrupuleux. De là ils passent dans l’égouttoir Y, puis sont dirigés, par un plan incliné, dans un compartiment Z, d’où ils arrivent enfin entre les mains des doucheurs. Ceux-ci les tournent et les roulent pendant quelques minute ;  ; sous un mince jet d’eau, d’où ils s’échappent aussi blancs que la neige des Alpes. Après cette opération on les dirige dans la cour de séchage, puis on les conduit dans un vaste hangar, où ils sont tondus. Dans la bonne saison l’usine ne chaume pas, et le va et vient n’est jamais interrompu ; des armées de bêtes à laine sont continuellement soumises à ce nettoyage préliminaire, et plus de deux mille moutons passent en 12 heures dans les bains que nous venons de décrire. 11 va sans dire que quand l’eau de savon est sale, on la remplace par de nouvelles dissolutions, et grâce au système de déversement bien organisé, il ne faut guère plus de 10 minutes pour renouveler completement le liquide de tous les réservoirs savonneux, tièdes ou lroids.

[Image à insérer]

Exploitation des moulons à New-South-Wales, en Australie. — La tonte.


L’opération de la tonte n’est pas moins surprenante que celle du lavage ; de véritables brigades de tondeurs saisissent les moutons, et les hommes, armés de grands ciseaux, rasent la laine avec une rapidité prodigieuse. Dans un atelier semblable à celui que nous représentons, cent bons ouvriers enlèvent la laine à vingt-cinq moutons chacun, par jour, ce qui fait en vingt-quatre heures un total de deux mille cinq cents moutons ! Dans le mois, soixante mille hètes à laine sont dépouillées, et leur toison recueillie avec soin est rangée sur de vastes étagères que l’on voit figurées au dernier plan de notre gravure

Le moment du lavage et de la tonte est fort solen nel dans certaines régions de l’Australie ; les « squatters, » ou propriétaires de moutons, ont alors une angoisse analogue à celle que ressentent nos agriculteurs à l’époque de la récolte. M, le comte de Beauvoir nous donne à cet égard des appréciations intéressantes, que nous ajouterons à notre tableau, a Une fois la laine à point, dit le jeune et spirituel voyageur, il faut agir en toute hâte, l’envoyer à Melbourne, et l’expédier sur le marché de Londres, pour profiter des premières demandes. L’embarras de nourrir tant de bêtes accumulées en un même point presse encore plus les o squatters » de ne pas marchander le nombre des bras ; et si le beau temps paraît fixe, qu’ils ne perdent pas une si belle occasion. Les orages ont en eliet causé bien des ruines après la tonte, et ceux qui ont agi trop lentement

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