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N° 38. 21 FÉVRIER 1874.
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LA NATURE.


peuples qui porte le nom de Banoua, et que Dumont d’Urville surnomme l’Alger de la Malaisie, elle est située à l’embouchure d’une rivière qui se jette dans la mer au fond de la baie de Bewan. Toutes les maisons, bâties sur pilotis, sont reliées entre elles ou à la terre ferme par des ponts de planches que l’on retire à volonté afin de les isoler séparément ou par quartiers.

La ville est entourée d’une mauvaise muraille, formée de palissades de 10 à 12 pieds de haut, garnie de canons hors d’usage et qui s’appuie sur deux petits forts en assez piètre état. Les habitants, qui craignent toujours les représailles des nations européennes, ont, assigné aux Chinois qui se sont établis en grand nombre dans la ville le quartier qui borde la mer et qui, en cas d’attaque, serait le plus exposé ; ses maisons sont en outre séparées du reste de la ville par un canal.

Si l’histoire de l’archipel des Soulou est fort obscure, on sait seulement qu’il fit autrefois partie du royaume de Baujermassing à Bornéo, sous le nom de petit Bauger ; ses relations avec les peuples européens sont un peu mieux connues. Au commencement du dix-septième siècle, les Espagnols tentèrent de s’en emparer et réunirent même à leur colonie des Philippines quelques-unes de ces îles ; vers le milieu du siècle suivant, la conversion du sultan au catholicisme amena une révolte générale pendant laquelle il fut chassé. Les Espagnols, qui avaient pris fait et cause pour lui, entreprirent une série d’expéditions qui se terminèrent presque toutes d’une façon désastreuse. Les Anglais, qui avaient fondé à la même époque un établissement dans l’île de Bilarabangem, furent presque tous massacrés par les naturels. Durant cette période, les Soulouans avaient par leurs pirjteries incessantes soulevé contre eux tous les peuples qui font le commerce dans cette partie des Indes:Hollandais, Anglais, Espagnols, Portugais ; aussi lorsque le sultan vit arriver sur un bâtiment de la Compagnie des Indes le voyageur français Sonnerai, il lui fit des ouvertures pour obtenir le protectorat de la France et adopta le pavillon blanc qu’il entoura d’une bande noire et au milieu de ce champ d’argent il plaça de gueules la porte de la Mecque. Depuis cette époque, Dumont d’Urville en 1839, le commodore américain Wilkes en 1842, le contre-amiral Cecill en 1844, visitèrent cet archipel et en firent l’hydrographie; enfin, en 1848 et en 1851, le gouvernement espagnol châtia sévèrement ces pirates incorrigibles, s’empara de Soulou et proclama sa souveraineté sur l’archipel tout entier. En 1806, une ambassade du sultan vint demander au consul de Prusse, à Canton, la protection de son gouvernement contre la tyrannie espagnole, en échange de laquelle les Soulouans reconnaîtraient la suzeraineté de la Prusse et lui céderaient, pour y établir une colonie, une partie de leur territoire. Bien que n’ayant pas été ratifiée, croyons-nous, par le gouvernement de Berlin, cette convention n’en sert pas moins aujourd’hui de base aux réclamations du gouvernement prussien, qui vient d’envoyer de nouvelles forces navales dans les eaux des Philippines. Cabiuel Marcel.




LES RÉSERVOIRS DE MONTSOURIS

Quelles que soient encore, eu égard aux besoins actuels de la population, les lacunes du système de la distribution des eaux dans Paris, il faut reconnaître qu’il est peu de villes en Europe plus largement dotées que la nôtre.

Les chiffres qui suivent peuvent donner une idée, pour le présent, de nos ressources quotidiennes en eaux de diverses origines :

Eaudel’Ourcq 
160 à 180 000 m.c.
Eau de la Marne 
43 000 —
Eau de Seine 
86 400 —
Eau des sources de Belleville et des Prés-Saint-Gervais 
200 —
Eau d’Arcueil 
1 500 —
Eau de la Dhuis 
20 000 —
Eau du puits artes.de Grenelle. 
400 —
Id. id. de Passy 
7 000 —
Total 
338 500 m. c.

Les chiffres portés ci-dessus étant, pour la plupart, des maxima, l’on doit, si l’on veut rester dans la réalité des faits, n’évaluer les quantités d’eau disponibles chaque jour qu’à 300 000 mètres cubes ; encore la consommation effective ne s’élève-t-elle qu’à 260 ou 280 000 mètres cubes, soit 280 millions de litres. Mais un prochain avenir verra les ressources hydrauliques de la ville de Paris très-notablement augmentées. La Dhuis ne donne aujourd’hui que la nioitié du volume sur lequel on a compté, soit 20, 000 mètres cubes. Lorsqu’on aura réuni à son débit actuel les sources que la ville possède dans des vallées très-voisines, le volume obtenu sera de 40 millions de litres par vingt-quatre heures. D’un autre côté, la Vanne, dont les eaux vont être bientôt amenées dans la capitale, n’ajoutera pas moins de 100 millions de litres à ces ressources. La quantité totale des eaux de distribution sera alors portée à 420 millions de litres par jour, élevant ainsi à 210 litres par tête une consommation calculée aujourd’hui sur le pied de 140 litres. Mais ce n’est guère qu’à la fin de l’année prochaine que ces chiffres seront atteints, car les grands réservoirs de Montsouris, actuellement eu construction, ne seront pas achevés avant cette époque. Les travaux, cependant, sont assez avancés aujourd’hui pour que l’on puisse avoir une idée de cette œuvre grandiose, qui sera une des merveilles du Paris moderne.

Les grands travaux hydrauliques auxquels servira pour ainsi dire de couronnement la dérivation de h Vanne, ont eu pour but de donner aux Parisiens de l’eau de source, eau très-pure, choisie avec discer