Page:La Nature, 1874, S1.djvu/164

Cette page n’a pas encore été corrigée
160
LA NATURE


ainsi de l’ivoire absolument dépourvu d’émail. Au contraire l’organe de l’émail isolé n’a pas donné lieu à sa sécrétion accoutumée. Les expériences, au nombre de soixante-dix-huit, représentent un travail considérable.

Balance de précision. — Il sera agréable à certains de nos lecteurs d’apprendre que M. Doleuil fabrique maintenant une balance disposée de façon à recevoir les principaux appareils qu’on peut avoir il peser dans un laboratoire et dont les indications sont scrupuleusement exactes depuis 5 milligrammes jusqu’à 3 kilogrammes dans chaque plateau. M. Dumas accueille la présentation, faite par M. Dessins, de cet instrument nouveau, connue un progrès considérable, et ne doute pas que l’habile fabricant ne soit récompense par un grand succès.

Canal insecticide. — Il a déjà été parlé plusieurs fois ici du canal dérivé du Rhône, grâce auquel les cépages des cinq départements de l’Isère, du Rhône, de Vaucluse, du Var et de l'Hérault peuvent être inondés. M. Dumont fait à cet égard une lecture d’où nous extravons quelques renseignements. L’un dernier le canal ne donnait que 45 mètres cubes d’eau par seconde ; il en donne maintenant 60. Le canal, qui s’arrêtait à Montpellier, se prolonge jusqu’à Biéziers. Actuellement 200,000 hectares sont irrigués et inondés, et l’auteur pense avoir assuré ainsi contre la ruine, des vignes représentant un revenu annuel du 500 millions de francs. La dépense totale ne s’élève qu’au tiers de ce revenu annuel. M. Dunioul insiste sur ce fait que jusqu’ici la submersion hivernale a été le seul remède efficace contre le phylloxéra. Sans doute son emploi n’est pas possible partout, mais ce n’est pas une raison pour s’en priver là où on peut l’appliipier, Ile plus il faut remarquer que l’inondation artificielle et la présence du canal sont peut être de. nature à modifier le climat des localités ainsi traitées, et il est furl. possible qu’il en résulte des conditions défavorables aux phylloxéras, même des vignobles qui ne peu. cul être atteints directement par l’eau

Stanislas Meunier.


MADAME MARY SOMERVILLE

Nous devons réparer une omission de nos journaux" et revues scientifiques qui ont négligé ; de publier une notice nécrologique sur une femme si justement célèbre et à laquelle la science française doit en partie sa popularité de l’autre coté du détroit. Nous eussions tenu à réparer cet oubli dès notre première année, s’il nous avait été possible de nous procurer plus lui l’excellent portrait qui reproduit fidèlement, les traits de madame Somerville.

Madame Mary Somerville, Anglaise de, naissance, est morte à Naples, en novembre-1 872, à l’âge de 91 ans, et dans la pleine jouissance de ses facultés intellectuelles. Kilo vouait de donner une preuve étonnante de son assiduité au travail et de la variété de ses connaissances, en publiant sur les proto-organismes un ouvrage, magistral en deux gros volumes, illustrés d’une multitude de planches d’une exécution parfaite. Ce beau monument scientifique, rédigé à l’âge de 89 et de 90 ans, suffirait pour immortaliser celte dame. Mais ce n’est point son seul titre de gloire ; elle a laissé plusieurs autres, ouvrages qui lui ont valu du gouvernement britannique une pension de 300 livres sterling.

Le premier, intitulé Mécanisme des cieux, fut rédigé en 1824 à la sollicitation de lord Brougham pour populariser en Angleterre l’Exposition du système du monde de La Place. L’auteur était déjà connue dans le monde savant par des expériences sur-les propriétés magnétiques des rayons violets du spectre solaire, Les travaux de madame Somerville ont, suis aucun doute, exercé une grande influence sur Faraday, qui découvrit, bien des années plus tard, l’action exercée par le magnétisme sur le rayon lumineux qui traverse les milieux cristallins, c’est-à-dire l’effet inverse.


Mary Somerville.
Cette femme illustre était fille de l’amiral Fairfax. Elle épousa dans sa jeunesse un officier de la marine russe, qu’elle perdit après une union assez courte. Elle se maria de nouveau vers 1816 avec le docteur Somerville, descendant d’une des familles françaises établies en Angleterre lors de la révocation de l’édit de Nantes. Le docteur Somerville mourut en 1860, après 44 ans de mariage ; madame Somerville eut de son second mari plusieurs enfants qu’elle éleva de manière à prouver qu’une femme peut allier ses devoirs d’épouse et de mère avec les soins de sa profession scientifique ou littéraire, La Société astronomique de Londres a décidé qu’un buste en marbre de madame Somerville serait érigé dans le lieu de ses séances.




Le Propriétaire-gérant. G. Tissandier.

Corbeil. — Typ. et stér. de Crété.