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LA NATURE

pas épuisé. Lorsque le globule est un peu gros, il exécute des mouvements, des contorsions bizarres qui font de ce simple appareil un véritable objet d’amusement. C’est le courant électrique qui se produit qui change la grandeur de la force capillaire, et par conséquent la forme du globule de mercure.

On voit sur le dessin une auge carrée en verre, remplie d’acide sulfurique étendu KK, dans laquelle se trouvent deux vases plus petits GG, qui contiennent du mercure ; dans chacun de ces vases plonge un faisceau de tubes de verre capillaires, verticaux, ouverts aux deux bouts. Chaque faisceau flotte sur le mercure, il est retenu par un arc métallique U qui le relie à un fléau horizontal auquel il va communiquer le mouvement. Pour que ce mouvement commence, il suffit de mettre la machine en communication avec un élément de pile Daniell D. Le courant électrique traverse les deux masses de mercure ; par suite du changement de la constante capillaire qu’il produit à leur surface, l’un des faisceaux BB est soulevé, tandis que l’autre s’enfonce, le fléau bascule autour de son axe A. Par l’intermédiaire des pièces V, s, et de la manivelle z, ce mouvement se communique au volant H, met en mouvement le commutateur W, qui renverse en temps utile le sens du courant, distribuant l’électricité comme le tiroir d’une machine à vapeur distribue la vapeur. Le volant fait une centaine de tours à la minute, et ne s’arrête que quand la pile est épuisée.

Si on met à la place de la pile un galvanomètre, et qu’on fasse marcher le volant à la main, on voit qu’il se produit un courant électrique.

L’inventeur de cette machine, M. Gabriel Lippmann, ancien élève de l’École normale supérieure, a construit sur le même principe un électromètre qui est le plus sensible et le plus précis que l’on connaisse actuellement. On pense en Angleterre pouvoir employer cet électromètre comme appareil télégraphique pour la réception des dépêches transatlantiques.


CHRONIQUE

Modification du climat en Écosse. — M. Mac Nab, conservateur du jardin botanique d’Édimbourg, a présenté récemment à la Société botanique de cette ville, une note sur le changement de climat au nord delà Tweed. Il paraît que, depuis un demi-siècle, l’âpre et sauvage Calédonie a vu ses étés se refroidir sensiblement. Il en résulte que les asperges, les tomates, les champignons disparaissent peu à peu ; le ciste et le myrthe commun deviennent rares ; l’amandier ne fleurit plus comme autrefois à ciel ouvert ; le prunier, le cerisier ne mûrissent plus qu’imparfaitement. Le raisin, la figue, la mûre, qui, à l’exposition du midi, vivaient en pleine terre, il y a quarante ans, à Édimbourg comme à Londres, ont besoin aujourd’hui de la serre et de la chaleur artificielle. Enfin, le mélèze est moins vigoureux, et l’on parle de le remplacer, dans les pépinières, par le Wellingtonia. On a constaté également des modifications dans le caractère des maladies. Toutefois, il est désirable qu’on puisse réunir un plus grand nombre de données précises, et M. Mac Nab demande qu’un comité soit nommé pour étudier à fond la question du changement de climat de l’Écosse.

Utilité du sel dans l’alimentation. — Le Zeitschrift für Biologie publie des recherches intéressantes de M. Bunge sur la proportion de sel nécessaire dans l’alimentation. Est-il possible aux animaux de se contenter de la quantité de sel commun (chlorure de sodium) que contiennent naturellement leurs aliments, ou bien l’addition d’une certaine quantité de sel leur est-elle nécessaire ? — Il est constant que les animaux herbivores consomment volontiers du sel, tandis que les animaux carnivores montrent une assez grande répugnance à prendre une nourriture salée. Cependant, si l’on analyse les matières servant à l’alimentation de ces deux groupes d’animaux, on trouve que la nourriture des herbivores contient par elle-même autant de chlore et de sodium que celle des carnivores ; mais elle renferme, en outre, plus de potasse. M. Bunge en conclut que les sels de potasse réagissent sur le chlorure de sodium du sang, et donnent des composés qui s’éliminent. L’organisme manque alors de chlorure de sodium, et l’animal est obligé, pour y suppléer, de consommer directement du sol. C’est ce que font, d’instinct, les animaux herbivores ; c’est ce que l’homme doit également faire, surtout lorsque les légumes (qui contiennent beaucoup de potasse) entrent pour une large part dans sa nourriture.

Les sinistres en mer. — Voici la liste mortuaire des vapeurs transatlantiques disparus depuis l’inauguration de la ligne Cunard ;

Disparus sans nouvelles : le Président, mars 1841 ; City of Glasgow, printemps de 1854 ; Pacifique, 23 janvier 1856 ; la Tempête, février 1857 ; United Kingdom, avril 1869 ; City of Boston, 25 janvier 1870 ; Ismaïlia, 29 septembre 1873.

Coulé bas par un choc contre une glace submergée : Canadien, dans le détroit de Belle-Ile, 4 juin 1861.

Coulés bas à la suite d’un abordage : Arctique, en 1854 par le navire français Vesta, de la compagnie Collins ; l’homme a échappé sur un radeau ; Lyonnais, par le navire Adriatique, 2 novembre 1856, 170 victimes ; Scotland, abordage par le vaisseau Kate-Dyer, tout le monde est sauvé ; 13 hommes de l’équipage du Kate-Dyer périssent, 1er décembre 1866 ; la Ville-du-Havre, abordé par le Loch-Earn, 22 novembre 1873.

Brûlés en mer : Saint-George, 24 décembre 1851, 51 victimes ; Austria, 13 décembre 1858, à la suite de fumigations faites stupidement avec du goudron pour désinfecter l’entre-pont, navire allemand, 470 victimes ; Hibernia, 25 novembre 1858, combustion spontanée de chiffons gras ; Connaught, 7 octobre 1860, en vue des côtes de Massachusetts ; Glasgow, en rade de l’ile de Nantucket, 31 juillet 1865.

Échoués sur les côtes d’Europe : Great-Britain, côte d’Irlande, 22 décembre 1846 ; City of New-York, côte d’Irlande, 29 mars 1864 ; Jura, en rade de Liverpool, 5 novembre 1864 ; Iowa, en rade de Cherbourg, 10 décembre 1864 ; Cambria, côte d’Irlande, tout le monde périt, sauf un homme, 150 victimes ; Tripoli, côte d’Irlande, 17 mai 1872 ; Britannia, côte d’Écosse, 27 janvier 1873.

Côtes d’Amérique : Colombia, Nouvelle-Écosse, 1er janvier 1843 ; Humboldt, près d’Halifax, 5 décembre 1853 ; Franklin, Long-Island, 17 juillet 1854 ; Argo, côte de