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LA NATURE.

grande grande légèreté et parfaitement homogène. C’est l’édredon artificiel, beaucoup plus léger que l’édredon naturel, qui renferme toujours la côte des petites plumes qui le composent, si petites qu’elles soient. Or celui-ci n’en contient pas, et c’est la côte qui pèse.

Ce duvet, ainsi préparé trouvera acheteur partout. À Paris, qu’on ne l’oublie pas, on l’achète au prix de vingt francs le kilogramme ; et ce prix n’ira qu’en augmentant[1].

Maintenant, qu’est-ce que représente un kilogramme de cette matière ? Il est très-facile de s’en rendre compte ; les expériences viennent d’être faites, et prouvent que la dépouille d’un poulet ordinaire, cette dépouille que l’on jette en partie les trois quarts du temps, surtout dans la campagne, vaut un peu plus d’un franc ! En effet, elle pèse 52 à 53 grammes ; elle pourrait facilement aller à 63 et 64, mais il y a toujours un peu de perte.

Quoi qu’il en soit, il faut savoir que la dépouille d’une poule ordinaire, pèse 105 grammes, y compris la queue, les ailes, etc, et se décompose ainsi :

Côtes du dos 
10 grammes.
Côtes du ventre 
10
Côtes des ailes 
12
Côtes de la queue 
4
Côtes 
36
Duvet du dos 
25 grammes.
Duvet du ventre 
25
Duvet des ailes 
5
Duvet de la queue 
2
Duvet 
57
Récapitulation en matière préparée pour la vente :
Côtes en général 
36 grammes.
Duvet complet 
57
93
Poids de la dépouille brute 
105
Perte 
12

Faisons remarquer, en même temps, aux ménagères de la campagne, qu’il suffit d’envoyer les enfants dans le poulailler, dans la basse-cour, le long des haies du verger, pour ramasser chaque jour une importante quantité de plumes, que le travail d’en couper les barbes se fait à temps perdu, le soir, à la veillée, et que les enfants eux-mêmes peuvent y être employés.

L’oie est certainement l’animal auquel nous empruntons une plus grande quantité de plumes utilisables, mais quelle que soit la richesse de l’animal, nous n’en prélevons pas plus d’un cinquième ! Tout le reste est perdu. En employant le nouveau procédé de l’édredon artificiel, ce n’est plus un cinquième qu’on récoltera, mais les deux tiers ! Ce qui fait une récolte de trois à quatre fois plus considérable. Il est donc vrai de dire que l’on perd, même de l’oie, le mieux utilisé de nos oiseaux de basse cour, une beaucoup plus grande valeur de plumes qu’on n’en ramasse ; quatre fois plus au moins.

Encore quelques questions que je sens venir : Pourquoi faire ? À quoi peut servir l’édredon artificiel ? Qui nous dit que l’usage s’en continuera ?

À la dernière question il est facile de répondre que l’usage s’en continuera parce que, même dans les familles, c’est une magnifique découverte que tirer un excellent édredon d’un produit absolument sans valeur. Mais, l’usage futur, industriel, de l’édredon artificiel n’est point à dissimuler ; il va servir à faire du drap de plume !

Pour faire un mètre carré de drap de plume, beaucoup plus léger et plus chaud que la laine, il faut 700 à 750 grammes de la matière que nos ménagères vont faire : or, en France, rien qu’en France, nous perdons par année, de 5 à 6 millions de kilogrammes de ce duvet désagrégé. C’est avec cela qu’on fera 7 à 8 millions de mètres carrés de drap de plume ! Or, ce drap, que nous avons vu, est presque inusable parce qu’au lieu de se couper, il se feutre sur les endroits qui souffrent le plus. Il prend merveilleusement la teinture et ne se mouille jamais ; quelle merveille !

Qu’on ne s’y trompe pas ; il y a là une des plus grandes découvertes de ce siècle ! H. de la Blanchère.


VARIATION DE COULEUR DES FLEURS

L’influence de la nature du sol sur la coloration des fleurs est bien connue pour l’Hortensia ; on sait, en effet, que les fleurs de cette charmante espèce sont normalement roses et que la culture dans certaines terres leur fait prendre une teinte bleuâtre ou même franchement bleue. Mais quelle est la substance qui, dans nos terres, détermine le bleuissement de l’Hortensia ? Bien des idées ont été émises à ce sujet ; on a même institué des expériences en vue de reconnaître la cause de ce fait ; mais, au total, nous ne sommes pas plus fixés sur ce point après tout ce qu’il a inspiré d’écrits et de théories. La seule chose qui semble avoir pour elle quelque peu de probabilité, c’est que la présence du fer dans le sol détermine quelquefois ce changement de couleur ; mais, d’un autre côté, on a cité des cas dans lesquels il semblait évident qu’on devait chercher ailleurs la cause du bleuissement.

Dans cet état de choses, il y a évidemment grand intérêt à relever les faits dans lesquels l’influence de la nature du sol sur la coloration des fleurs est mise en pleine évidence et dans lesquels surtout les cir-

  1. Comme on ne manquera pas de nous demander au moins une adresse et un nom, nous indiquons M. Bardin, 48, rue de Bondy, à Paris, l’inventeur même du procédé que nous venons de révéler, qui recevra l’édredon artificiel à bureau ouvert, à condition que l’on y joindra les côtes retirées des plumes petites et grandes.