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LA NATURE.

raient précédés par un sommaire en anglais, langue avec laquelle les dialectes scandinaves ont une grande affinité étymologique et grammaticale. La langue anglaise offre, en outre, l’avantage d’être beaucoup plus répandue que les idiomes germaniques, qui ne sont point en état de lui disputer le prix de la clarté.

Société scientifique de Buenos-Ayres. — La grande cité de l’Amérique méridionale ne reste pas étrangère au progrès ; elle vient de le prouver, en fondant tout récemment une Association scientifique à la tête de laquelle est placé un savant distingué, M. A. Luis Huergo. Le but de la société est d’encourager les recherches et les travaux scientifiques.

Nouvelle charrue mitrailleuse. — Voilà bien une invention américaine. Quelque excentrique qu’elle puisse paraître, elle n’en est pas moins véridique. La charrue mitrailleuse est représentée dans les journaux illustrés de New-York ; elle sert aux cultivateurs de l’intérieur pour se défendre contre l’attaque des Peaux-rouges. Un brave Yankee laboure son champ ; de loin des ennemis l’aperçoivent, ils se préparent à fondre sur un blanc sans arme : le laboureur, aussitôt, tourne sa charrue du côté de l’attaque, et lance la mitraille sur les sauvages, qui s’enfuient épouvantés. La nouvelle charrue est surmontée d’un petit canon, toujours chargé. Il paraît que ce n’est pas dans ces régions qu’il est permis de dire : O fortunatos nimium sua si bona norint agricolas !

Les examens scientifiques en Chine. — Le célèbre philosophe Confucius aurait institué, cinq siècles avant l’ère chrétienne, le Ven-Miao ou le Temple, où se passent les grands examens officiels. Ce temple par excellence est à Pékin, ce qui n’empêche pas que, dans chaque province, il existe une session annuelle, où l’on confère seulement le premier degré. C’est à Pékin seulement que le deuxième peut être obtenu. Le superlatif des distinctions littéraires et scientifiques est le Chwang-Yunen ou quatrième degré, que l’on nomme aussi « le premier des dix mille. » Cette dénomination provient de l’endroit affecté aux examens qui contient ce nombre de candidats. Il consiste en cent-vingt rangées de petites cellules mal bâties, réunies autour d’une pagode centrale. Chaque candidat se place dans cette cellule, dont la surface excède à peine un mètre, et juste assez haute pour qu’un homme puisse s’y tenir assis, ayant une planche formant table devant lui. Les files de cellules sont au nombre de quarante-cinq, et sont séparées entre elles par un couloir étroit ; le nombre total des cellules est de 9 999. Pendant toute la durée de l’épreuve, les candidats ne doivent communiquer avec personne ; ils sont constamment surveillés du haut de la tour de la pagode centrale, et par des gardiens qui circulent dans les couloirs séparatifs des cellules. Pendant tout le temps que les candidats sont « en loge, » on leur fournit des aliments préparés dans de grandes jarres en poterie, et de l’eau dans des vases mis à leur discrétion. Les candidats apportent avec eux une couverture pour s’envelopper pendant la nuit, et dormir assis sur la planche formant siège. Chacun reçoit un feuillet de papier estampillé, pour que la substitution soit impossible, et une pierre à délayer l’encre de Chine ; il apporte avec lui une théière pour ses repas.

Tous les nationaux ont le droit de se présenter au concours tous les trois ans, quel que soit leur âge ; si un candidat a la persévérance de se mettre ainsi en loge tous les trois ans, jusqu’à l’âge de quatre-vingt ans, l’empereur lui confère un titre particulier. Le concours supérieur de Pékin dure neuf jours, qui sont fractionnés en trois séries de trois jours chacune.

Les titres accordés sont : 1o Sien-Tsai, qui équivaut à bachelier ; 2o Chü-Jen, qui représente celui de docteur ; 3o Chan-Yunen, le plus élevé de tous, accordé seulement tous les trois ans, à Pékin. Le titre gagné à ces concours permet d’aspirer aux fonctions publiques ; il est écrit sur la porte de la maison. Les qualifications supérieures donnent droit à voir son nom gravé sur des tablettes de pierre, placées dans le temple de Confucius, pour passer à la postérité.

Développement de fungoïdes sur les oiseaux vivants. — Les parasites animaux et végétaux envahissent les animaux de taille supérieure, affectant tantôt la peau, tantôt l’intérieur du corps. Ainsi le larcina se développe dans les intestins de l’homme. M. le docteur James Murie a découvert des végétations cryptogamiques dans la membrane abdominale du rissa tridactyla ; il a vu le même cas se reproduire chez le cacatua cristata. Il croit pouvoir affirmer que les germes de ces fungoïdes sont des émanations directes du tissu épidermique, où ils auraient été introduits par une cause intérieure.

Les chauves-souris de l’époque antédiluvienne et les chauves-souris contemporaines. — Les animaux de grande taille ont beaucoup plus émigré que ceux de petite taille devant les conquêtes du monde par l’homme. Les carnassiers et les insectivores ont continué à vivre dans les lieux où ils sont nés. Nulle part la concurrence vitale n’a dû être plus puissante que chez les chauves-souris qui ont des traverses de périodes de froid, et qui ne trouvent des insectes pour pâture qu’à l’époque des chaleurs ; de plus, ces animaux, complètement indépendants, ont été plus propres à subir les effets de la sélection naturelle. D’après M. Van Beneden, les os des chauves-souris trouvés avec ceux des ours des cavernes sont identiquement semblables à ceux des représentants de l’époque actuelle. Ces animaux sont restés ce qu’ils étaient à l’époque de l’ours, du mammouth et du renne. La même observation s’applique aux mollusques terrestres, pour lesquels il n’y a pas eu non plus de concurrence vitale.

Singulière propriété acoustique d’une fontaine de l’Institut. — Un musicien distingué, M. A. Elwart, a eu l’idée de frapper de la paume de la main la vasque de pierre qui est dans la cour d’honneur de l’Institut. Il a reconnu que cette vasque rend un son musical qui correspond avec une extrême précision à l’accord parfait majeur de fa naturel. Tout le monde peut vérifier ce fait, très-intéressant au point de vue de l’acoustique.


BULLETIN
DE LA NAVIGATION AÉRIENNE.

Pendant le mois de mai et la première quinzaine de juin, le temps a été tout à fait contraire aux excursions aéronautiques. Le champ libre a été ouvert aux tentatives des empiriques de toute espèce et de toute volée.

Les journaux de Bruxelles ont raconté les mésaventures d’un adepte du plus lourd que l’air, qui devait se lancer dans l’espace et prendre son essor à plusieurs centaines de mètres au-dessus du niveau de la Senne. Mais le ballon qui devait remorquer le nouvel Icare ayant été dérangé par le vent, le décrochement de l’homme-volant,