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LA NATURE.

tombé lors de l’explosion historiquement célèbre de Lucé (1768), et qu’un nombre considérable de chutes ont fourni depuis. Dans ces brèches la roche de Lucé est associée, comme tout à l’heure celle de Montéjean, à la pierre sombre de Limerick, et cette identité des pâtes ferait déjà pressentir les relations mutuelles de ces deux groupes de brèches, si d’autres observations n’étaient là pour les démontrer.

Un fait beaucoup plus frappant encore est fourni par l’étude de la météorite tombée le 28 février 1857, à Parnalléa, dans l’Inde. Cette roche fournie d’ailleurs par d’autres chutes se présente comme une espèce de poudingue, dont les grains se rapportent à au moins sept types lithologiques distincts et parfaitement caractérisés. Trois de ces types sont représentés, entre autres, par les chutes de Tadjera, Algérie (1866), de Chassigny (Haute-Marne, 1815) et de Bishopville (États-Unis, 1843). Les quatre autres n’ont pas encore été signalés à l’état de météorites distinctes et ont, par conséquent, ce très-vif intérêt de nous permettre de pressentir l’arrivée plus ou moins prochaine de types qui n’ont pas été observés jusqu’à présent. D’un autre côté, les passages minéralogiques cités tout à l’heure, comme indiquant les rapports stratigraphiques de roches terrestres, se retrouvent parmi les météorites et démontrent des liaisons analogues. Ainsi, les roches déjà mentionnées de Lucé et de Montréjeau, qui diffèrent surtout l’une de l’autre par la structure globulaire de cette dernière, trouvent dans la pierre de Forsyth, aux États-Unis, un intermédiaire ménagé. Cette transition entre les météorites libres se retrouve entre les brèches qu’elles peuvent donner et la météorite trouvée à Assam, dans l’Inde, en 1846, se rapproche autant des brèches du type de Cangas de Onis que de celles du type de Saint-Mesmin. De même la météorite tombée à Ohaba, dans le Siebenbourg, en 1857, établit un passage entre les pierres du Montréjeau et de Limerick ; de même la météorite de Dolgowola, en Volhynie (26 juin 1864), relie entre elles les masses d’Aumale, Algérie et de Lucé, etc.

Fig. 1. — Brèche météoritique tombée, le 30 novembre 1866, à Cangas de Onis, province de Santander, en Espagne, et consistant en fragments blancs de montrésite cimentés par une pâte foncée de limerickite. (Deux tiers de la grandeur naturelle.)

Tout à l’heure, à propos des roches terrestres, nous citions comme décelant des relations stratigraphiques la transformation artificielle de certaines pierres en d’autres pierres. Cette transformation que l’on appelle métamorphique peut se reproduire parmi les météorites où elle donne lieu aux mêmes conséquences.

Le premier fait connu de ce métamorphisme météoritique a démontré, d’après les considérations précédentes, la relation stratigraphique de trois types extrêmement importants de roches extraterrestres. Le premier, représenté par la chute d’Aumale (Algérie), consiste en une roche grise, cohérente, très-dure, dont la cassure rappelle celle de certains grès. On y distingue de petites grenailles métalliques, surtout sur les surfaces polies, et l’analyse y décèle l’existence de minéraux magnésiens, les uns solubles dans les acides, comme le péridot, les autres insolubles, comme le pyroxène ou l’amphibole. Le deuxième type est représenté, par exemple, par la pierre tombée en Vendée, à Chantonnay, le 5 août 1812. C’est encore une roche grise, mais traversée en tous sens par de larges marbrures parfaitement noires, dont l’étude a longtemps préoccupé les chimistes et que Vauquelin avait analysées sans succès. La composition chimique de ce type est semblable à celle du précédent malgré la différence d’aspect. Enfin le troisième type se distingue encore bien davantage de la pierre d’Aumale. C’est une pierre, tout à fait noire compacte, très-dure, prenant bien le poli. D’ailleurs, l’analyse fournit ici encore les mêmes résultats que précédemment. Ce type est tombé à Tadjera (Algérie) en 1867. Eh bien des expériences très-simples