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LA NATURE.

à 0k,043 d’azote, à 0k,017 d’acide phosphorique et à 0k,106 de potasse et de soude ; et si l’on cherche la valeur de l’engrais qui y est contenu, on trouve que le prix du mètre cube peut atteindre approximativement 11 centimes à Asnières et 35 centimes à Saint-Denis ; cette augmentation s’expliquant par l’apport des eaux vannes de Bondy dans l’égout départemental. En multipliant ces résultats, on trouve que la quantité d’engrais jetée chaque jour à la Seine atteint une valeur de 16 000 francs, soit par an 15 à 18 millions. Sous une autre forme, 130 à 140 mètres cubes d’eau seulement représentent environ, comme agent fertilisant, 1 000 kilogrammes de fumier de ferme. Ces chiffres, surtout théoriques, devraient être nécessairement abaissés dans la pratique ; mais ils n’en suffisent pas moins pour montrer l’importance énorme qu’il y a à recueillir et à utiliser l’eau d’égout.

Pour arriver à ce résultat, il faut, ou jeter directement l’engrais liquide sur un sol perméable, qui puisse l’absorber complètement, et en séparer les principes utiles, ou bien précipiter la matière organique au moyen du sulfate d’alumine, rejeter l’eau pure à la Seine et vendre l’engrais.

Ces deux procédés ne nous paraissent pas devoir être employés séparément avec un succès complet ; mais un troisième qui aurait pour but de prendre à chacun d’eux ce qu’il présente de particulièrement intéressant nous paraîtrait avoir plus d’avantage pour les résultats financiers d’une pareille opération.

Ancienne machine du pont d’Asnières. — Figure montrant la coupe de l’égout collecteur, la prise d’eau, et la pompe centrifuge à vapeur.

C’est là, en effet, le système préconisé par MM. les ingénieurs Mille et Durand-Claye, et c’est à ce double point de vue qu’ont été dirigés les travaux faits par la ville de Paris. Au point où les eaux d’égout se jettent dans la Seine, une pompe centrifuge élève une partie des eaux au niveau du sol pour les refouler dans des conduites spéciales, qui les mènent à Gennevilliers.

Anciennement, l’eau était élevée au moyen d’une simple locomobile placée à l’entrée même de l’égout, comme le figure notre dessin au trait ; aujourd’hui, que la période des essais est terminée, la ville a installé, auprès du pont de Clichy, une machine pouvant monter en un jour environ le tiers du débit de l’égout collecteur. Plus tard, cinq autres machines seront installées auprès de la première pour compléter le service.

La machine à vapeur qui sert à l’aspiration et au refoulement des eaux sort des ateliers de M. Farcot. Elle se compose d’un générateur placé à la partie supérieure de l’usine et de la machine proprement dite qui se trouve de plain-pied avec le sol. — Notre gravure (page 353) montre seulement cette dernière partie.

La machine est horizontale, de la force de 150 chevaux ; elle monte 500 litres d’eau par seconde, soit 1 800 mètres cubes à l’heure, refoulant, en outre, cette masse de liquide en dix minutes jusqu’à Gennevilliers, c’est-à-dire à 2 kilomètres de distance. Le grand volant, qui a 8 mètres de diamètre, pèse 25 000 kilogrammes ; il peut faire de 27 à 30 tours à la minute. Au moyen d’une disposition spéciale et toute nouvelle, une partie des espaces nuisibles est supprimée, ce qui permet à la vapeur d’arriver directement sur les faces du piston sans déperdition de force vive ; on a ainsi une augmentation assez considérable de travail produit.