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N° 23. — 8 NOVEMBRE 1873.
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LA NATURE.

UTILISATION DES EAUX D’ÉGOUT
À GENNEVILLIERS.

Parmi les devoirs les plus importants d’une administration municipale, il faut mentionner en première ligne la nécessité d’enlever au dehors, dans un temps très-limité, les détritus organiques, les eaux pluviales, les eaux ménagères et même les matières de vidange, pour assurer ainsi, à chaque instant du jour, l’assainissement de la cité.

Les villes de Londres, de Paris et de Bruxelles se sont depuis bien longtemps déjà préoccupées de cette question capitale. Au moyen de galeries ou égouts rayonnant sous terre, alimentés à Londres spécialement par des eaux courantes qui entraînent les substances solides, on a pu faire converger dans une série de collecteurs centraux toutes les matières qui constituaient pour la ville des foyers d’infection permanents. Mais la solution du problème n’est ainsi résolue que d’une façon incomplète : il ne suffit pas, en effet, d’assurer la salubrité publique dans la ville, il faut, en outre, que cet assainissement ne vienne pas créer, pour les populations limitrophes du mur d’enceinte, d’autres centres insalubres, d’autant plus dangereux que les matières organiques ont alors subi une fermentation qui remplit l’air d’exhalaisons putrides, essentiellement nuisibles à la santé publique.

Machine à vapeur élevant les eaux de l’égout collecteur dans les plaines de Gennevilliers.

La première partie de la question a reçu depuis longtemps et reçoit encore tous les jours, à Paris, une solution très-satisfaisante ; il nous sera facile de le démontrer en nous reportant vers l’année 1850. À cette époque, la ville de Paris ne possédait, en effet, que 130 kilomètres d’égouts[1]. Depuis, des travaux considérables ont été exécutés : les galeries et les branchements se sont ramifiés de tous côtés et, aujourd’hui, la longueur totale de ces ramifications est de 600 kilomètres.

Trois égouts collecteurs reçoivent les eaux et les portent à la Seine : l’un partant du Jardin des Plantes, longe la rive gauche de la Seine, la traverse au moyen d’un siphon, sous le pont de l’Alma, et vient se jeter près d’Asnières dans l’égout collecteur de la rive droite. Le deuxième, que l’on visite le plus facilement, part de la place du Châtelet et vient se jeter à Asnières auprès du pont du chemin de fer, après avoir desservi les quais et le boulevard Malesherbes. Enfin, l’égout collecteur départemental dessert Montmartre, la Chapelle et Saint-Denis, recevant, en outre, les eaux vannes très-imparfaitement purifiées du dépotoir de Bondy ; il débouche dans la Seine auprès du canal de Saint-Denis.

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  1. Rapports de MM. Mille, et Durand-Claye.