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LA NATURE.

de Montpellier, que ce résultat n’était pas suffisamment net parce qu’il était fourni par une plante possédant à la fois les deux ordres de mouvements. Aussi s’est-il adressé à des végétaux chez qui cette superposition n’existe pas. On sait que les étamines de l’épine vinette (berberis) touchées au moyen d’une pointe fine, se contractent fortement, et nous venons de rappeler que les étamines de la rue se meuvent spontanément. Cela posé, l’auteur met sous deux cloches distinctes un pied de ces deux plantes, et les soumet à l’action des vapeurs du chloroforme. Bientôt, sous l’influence anesthésique, l’épine vinette est complètement endormie, tandis que la rue possède encore ses mouvements. C’est-à-dire que l’expérimentateur de Montpellier confirme pleinement les résultats de M. Bert.

Le phylloxéra. — Naturellement, il est encore question du phylloxéra. Revenant sur la question de l’emploi du sulfure de carbone, M. Gaston Basile conteste que la vigne ait à souffrir de ce remède, d’ailleurs si efficace contre le parasite. Il ajoute que la dose de 150 grammes, par cep, a pu être réduite, dans des essais récents, à 30 grammes et moins encore, de sorte que la dépense est notablement diminuée.

Un naturaliste très-connu, M. Guérin Menneville, défend de nouveau son opinion, d’après laquelle le phylloxéra n’est pas du tout cause de la maladie de la vigne. Suivant lui, cet insecte a existé de tout temps chez nous, et restait confondu parmi les innombrables parasites de la vigne, jusqu’au jour où un état pathologique spécial de celle-ci a fourni des conditions favorables à sa multiplication. En même temps, M. Maxime Cornu annonce s’être assuré expérimentalement que le phylloxéra déposé sur les radicelles saines y développe, au contraire, tous les accidents caractérisant les vignes malades.

L’Homme-Chien. — Au sujet de l’exhibition qui a lieu en ce moment, dans Paris, d’un homme dont le système pileux est développé d’une manière exagérée, tandis que son système dentaire est tout à fait atrophié, M. Roulin fait remarquer, avec son érudition ordinaire, que des anomalies du même genre ont été plusieurs fois signalées.

Ainsi, il y avait, en 1835, dans la province d’Anam, en Cochinchine, une femme offrant les mêmes caractères. De même, Wallis, directeur du jardin de botanique de Calcutta, a décrit et figuré, en 1826, un individu exactement pareil. C’est plus qu’il n’en faut pour montrer que des éleveurs d’un nouveau genre pourraient arriver à créer une race humaine offrant les caractères généraux du malheureux qui est en passe de devoir une fortune à son affreuse difformité.

Stanislas Meunier.

LE CIEL AU MOIS DE NOVEMBRE 1873

Nos précédents bulletins donnent, sur les positions actuelles des planètes principales, des détails assez nets pour qu’on puisse, pendant le mois de novembre, suivre aisément leurs mouvements sur la voûte étoilée sans indications nouvelles. D’ailleurs, tout l’intérêt astronomique du mois, en dehors des observations régulières, va se concentrer sur le phénomène que présente le passage de la terre dans le voisinage de l’essaim météorique des Léonides, vers le 13 ou le 14. On se rappelle que, l’an dernier, les circonstances se sont trouvées si défavorables que presque partout les observations ont été impossibles : temps pluvieux et généralement couvert, et là où il y a eu quelque éclaircie, proximité de la pleine lune. Cependant, dans une ville d’Italie, à Montera (Basilicate), le phénomène fut observé, et le nombre des étoiles filantes qui se montrèrent entre 3 heures et 6 heures du matin, le 14 novembre, fut assez considérable pour qu’on n’ait pu douter du retour périodique de l’essaim des Léonides à la date ordinaire. Cette année, la pleine lune aura lieu le 4 novembre ; du 12 au 15, il n’y aura plus à redouter l’influence gênante de la lumière de la lune, qui sera dans sa dernière phase, et sera d’ailleurs couchée, quelques minutes après 2 heures du matin. Il n’y a donc à désirer qu’une chose, c’est qu’à la date indiquée, le ciel soit assez beau pour que les nombreux observateurs du phénomène puissent en noter toutes les circonstances. Une des plus intéressantes est toujours la détermination du point de radiation, ou des points de radiation, si, comme il est possible et probable, le courant se divise à la longue en des courants partiels distincts.

Le mois de novembre 1872, si l’on a bonne mémoire, en compensation des observations manquées du 14, a offert aux astronomes une véritable surprise dans la nuit du 27, par la magnifique averse météorique qui a bombardé les hauteurs de notre atmosphère : on se rappelle aussi qu’on a aussitôt attribué ce brillant météore à la rencontre que la terre aurait faite d’un des fragments de la comète de Biela. Quelques-unes de ces fugitives étoiles se seront-elles attardées, une année durant, dans les mêmes régions de notre orbite ? C’est peu probable, car la comète de Biela n’est qu’une des plus petites agglomérations nébuleuses de ce genre et ne peut être assimilée à la longue traînée qui constitue l’essaim de novembre ; mais comme sa période est d’environ 7 années, il est possible que nous repassions plus tard au milieu du même fragment et que nous soyons de nouveau témoins d’un semblable feu d’artifice céleste.

Il y aura, ce mois, deux éclipses, se succédant comme d’habitude à une demi-lunaison de distance : la première aura lieu le 4 novembre et sera en partie visible à Paris. La lune se lève, ce jour-là, à 4 heures 34 minutes du soir ; or, à 1 heure 17 minutes, elle entre dans la pénombre ; à 2 h. 15 m., son disque entrera dans l’ombre ; le milieu de l’éclipse ayant lieu à 4 heures, nous ne pourrons voir que la seconde moitié et la fin du phénomène. Quant à l’éclipse de soleil du 20 novembre, elle sera partielle, et d’ailleurs invisible à Paris et dans presque tout l’ancien et le nouveau continent : c’est dans les régions voisines des terres australes du sud que cette éclipse, un peu plus forte que le demi-diamètre solaire, sera principalement visible. À tous égards, c’est donc un phénomène qui aura peu d’intérêt pour nous.

Amédée Guillemin.



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