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LA NATURE.

dents scientifiques qui se sont produits, ne choisissant que les principaux.

Nous devons commencer cette trop courte revue par la section de géologie que présidait le professeur Philipps, le dernier vivant des fondateurs de l’Association, qui date de 1831, du lendemain du bill de réformes, c’est-à-dire du jour où les classes laborieuses ont conquis le pouvoir politique pour la bourgeoisie. Sir Roderich Murchison, sir John Herschell, le grand Faraday, sir David Brewster ne sont plus, le vénérable Philipps, aujourd’hui plus qu’octogénaire, est seul à représenter la pléiade des fondateurs dans la quarante-deuxième session de l’Association !

Dans son ouvrage sur les Glaciers, M. Tyndall a cherché à priver Agassiz de ses droits incontestables et en faire honneur au révérend Forbes, savant de second ordre, dont les allures ont été plus que suspectes pendant qu’Agassiz faisait, il y a une trentaine d’années, ses grandes expériences dans les Alpes, Le professeur Tait, ancien ami de M. Tyndall, a protesté énergiquement en faveur de la justice et de la raison : Inde iræ. M. Tyndall, aveuglé par la passion, a publié, dans la Nature, une lettre fort injurieuse qui semblait devoir amener des explications extra-parlementaires, mais l’orage s’est apaisé. Probablement le professeur Philipps qui, dans un excellent discours, a laissé percer ses sympathies pour Agassiz, aura prononcé son Quos ego.

Quoi qu’il en soit, M. Tyndall a écrit une lettre publique d’excuse, et en récompense il a été nommé président du meeting qui aura lieu à Belfast l’an prochain. Ce n’a point été, cependant, sans quelque opposition de la part du maire de cette ville, qui demandait, non sans quelque raison, la nomination d’un savant irlandais.

Le discours du président de la section de biologie a produit une assez grande sensation. Le professeur Allman s’est déclaré adversaire de la théorie de l’évolution, ou au moins des conséquences exagérées que les darwinistes cherchent à en tirer. Aux yeux de ce savant éclairé, cette vue de l’esprit est avant toutes choses un moyen de classifier les faits, un procédé commode pour les relier, c’est une hypothèse technique.

M. Ferrier a exposé le résultat d’expériences analogues à celles de Flourens sur l’encéphale des vertébrés, mais obtenues à l’aide de l’électricité voltaïque. L’auteur endort les animaux, sur lesquels il opère avec du chloroforme, puis il leur enlève une portion du crâne. Une fois le cerveau mis à nu, il stimule certaines parties chez les animaux les plus variés. Résultat étrange, bien propre à éclairer sur le rôle des différentes portées d’un tout aussi complexe, en opérant sur des poissons, des grenouilles, des pigeons, des rats, des singes, des lapins, des chats, des chiens, des chacals, l’opérateur a trouvé que la stimulation de l’encéphale produisait constamment les mêmes effets. Ces belles expériences exposées en public pour la première fois, suffiraient pour rendre mémorable la session de Bradford. Nous n’insisterons point, en ce moment, sur les innombrables conséquences qu’on en peut tirer.

Il est bon de remarquer que deux savants allemands avaient rencontré, sans doute, par hasard, ce mode d’investigation, mais qu’ils n’en avaient point saisi l’importance et qu’elle eût été oubliée si M. Ferrier ne l’avait faite sienne et ne s’en était emparé.

Le principal attrait de la session de Brighton était, sans contredit, la présence de M. Stanley, dont les découvertes inattendues avaient soulevé tant de jalouse opposition, et dont tant de personnes suspectaient encore la bonne foi. Peu s’en est fallu que Bradford ne fût encore mieux favorisé. Le capitaine Markham a failli amener à l’Association britannique les naufragés du Polaris, qu’il avait accompagnés à Dundee, mais il ne put triompher de l’empressement un peu égoïste et médiocrement intelligent de ces marins. Ils ne voulurent point retarder d’un jour leur retour à Washington, sous prétexte que le secrétaire de la marine les avait convoqués.

D’un autre côté, sir Baker qui devait se rendre à l’Association britannique, avait fait, comme on le sait, naufrage dans la mer Rouge, et cette circonstance a retardé d’un mois son arrivée en Angleterre, où il ne tardera pas à recevoir une triomphante réception. Malgré ces contre-temps fâcheux, le capitaine Markham a donné des détails écoutés avec un intérêt des plus vifs. Le jour où il a pris la parole, la salle de la section de géographie rappelait celle de Brighton quand M. Stanley racontait ses voyages en présence de l’ex-empereur Napoléon. Les découvertes de Baker et de Livingstone ont été discutées par des voyageurs venant de l’Afrique centrale, et gain de cause paraît avoir été donné à Baker. L’unité des deux lacs semble avoir définitivement triomphé.

Un sujet fort intéressant, mais qui doit suggérer aux patriotes anglais de tristes réflexions, a été traité avec de très-sérieux développements dans la même section. Il s’agit des rapports commerciaux à établir entre l’Inde anglaise et le khanat, aujourd’hui occupé par les Russes, de Khiva. Sir Rutherford Alcock, qui présidait la section de géographie, n’a point fait la moindre allusion au chemin de fer projeté par M. de Lesseps. Le discours de l’honorable orateur est, si l’on excepte cette omission, fort complet et fort bien étudié.

La suite prochainement.


LA CULTURE DE LA BETTERAVE
SES AVANTAGES.

Après la récolte de pommes de terre, qui s’est faite dans de bonnes conditions, arrive celle des betteraves, qui n’est pas moins importante, aujourd’hui surtout, que les fabriques de sucre se créent dans le centre de la France. Au point de vue agricole, c’est un fait très-heureux pour les départe-