consiste souvent dans la disparition d’une idée fausse qu’on croyait exacte, ou, si l’on veut, dans le rétablissement d’un problème non résolu à la place d’une solution incomplète. C’est ce qui a lieu aujourd’hui pour le phylloxéra. Nous avons dit précédemment que, d’après M. Monestier et d’autres expérimentateurs, le sulfure de carbone possède la double faculté de détruire le phylloxéra en respectant la vigne. Il paraît aujourd’hui qu’il faut revenir d’une assurance si agréable. Que le sulfure de carbone tue les parasites, voilà qui ne fait, au moins jusqu’ici, de doute pour personne, mais M. Lecoq de Boisbaudrant conclut de ses expériences qu’il pourrait bien déterminer en même temps la mort du végétal en traitement.
Le phénate d’ammoniaque contre la pustule maligne. — Dans une lecture écoutée avec intérêt, M. le docteur Déclat rapporte des cas vraiment frappants de guérison du charbon par l’acide phénique, et surtout par le phénate d’ammoniaque employé d’abord comme cautère, puis comme boisson titrée à la dose de 1 à 2 grammes en vingt-quatre heures. Parmi ces cas se trouve celui de quatre bouchers qui, employés pendant le siège à abattre des animaux plus ou moins malades, furent tous les quatre pris de charbon. Deux d’entre eux étant les patrons furent soignés chez eux ; les autres, simples garçons, furent envoyés à l’hôpital. Ces derniers, malgré, l’apparence, furent les mieux partagés, car, traités par M. Déclat et soumis par lui au traitement ammoniacal, ils ne tardèrent pas à être guéris ; pendant ce temps les deux autres, soignés par les anciennes méthodes, virent se succéder les divers accidents de l’effroyable maladie et succombèrent. On sait que M. Déclat propose l’emploi des mêmes médicaments dans le traitement du choléra.
DOLMEN DE CARANDA
En 1872, on reconnut à quelque distance du moulin de Caranda, près Fère-en-Tardenois (Aisne), l’existence d’un dolmen enfoui sous terre et en partie écroulé. — Des fouilles furent aussitôt opérées, mais elles amenèrent peu de résultats, par suite de l’amoncellement des pierres, qui ne purent être dégagées. — Un habitant du pays, M. Frédéric Moreau, résolut celle année d’entreprendre de nouvelles recherches. Conduites avec ordre et méthode, elles viennent tout récemment d’être couronnées d’un entier succès. En effet, après avoir relevé, non sans de grandes difficultés, et rétabli en leur place les pierres du dolmen, et déblayé avec le plus grand soin le sable qui l’obstruait, M. Frédéric Moreau eut la bonne fortune de découvrir, sur le dallage formant le sol du monument, le crâne et la plus grande partie d’un squelette, dont l’inhumation paraît devoir remonter aux temps préhistoriques, et, mêlés à ces débris, divers instruments de la même époque, parmi lesquels figurent notamment, un poinçon en bois de cerf ou de chevreuil, des pointes de lance et de flèche, et un grand couteau en silex finement taillé. Tous ces objets, qui présentent un haut intérêt au point de vue de l’histoire de l’homme, sont en état de parfaite conservation.
A, élévation face Est. — B, plan. — 1, terre végétale. — 2, sable jaune. — 3, dallage grossier.
Le dolmen de Caranda est situé au sommet d’une éminence circulaire, au bas de laquelle coule la petite rivière d’Ourcq, presque encore à sa source. Sa forme est celle d’un carré long régulier, mesurant environ 5 mètres en longueur, 2 en largeur et 2 en hauteur. Il est orienté de l’est à l’ouest, mais sa véritable entrée est à l’intérieur même du monument : elle se fermait au moyen d’une pierre mobile venant s’appliquer sur deux pilastres disposés pour la recevoir ; quatre pierres au midi, six au nord, une seule à l’ouest, formaient les parois du dolmen dont l’ensemble était couvert par plusieurs dalles de grande dimension.
Autour du dolmen, et sur le même mamelon, ont été découvertes des tombes anciennes, où l’on constate la présence de nombreux silex, mais qui datent d’une époque relativement plus récente, ainsi que l’attestent les armes en fer, les poteries et autres objets qui ont été trouvés au milieu des ossements.