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LA NATURE.

route, qui le jetterait vers le centre de l’ouragan et l’exposerait aux plus grands dangers. Il faut immédiatement la changer avant que le baromètre atteigne 755mm. Selon la règle modifiée pour l’hémisphère Sud, il faudrait mettre à la cape bâbord amures et attendre ainsi que le cyclone ait passé. Mais on peut aussi passer hardiment en avant du météore, pour atteindre le cercle maniable de l’autre côté de la ligne de translation.

Tracé montrant la marche d’un navire évitant un cyclone.

Supposons, le vent étant au S.-E., direction moyenne des alizés, que le navire se trouve en B, avec le baromètre à 755mm et toutes les apparences de l’approche d’un cyclone. Le tableau qui donne les distances du centre, pour les hauteurs du baromètre, indique 157 milles, ce qui donne encore 21 heures avant la rencontre. Mettons-nous dans les circonstances les plus défavorables : la distance n’est que de 130 milles et le répit de 11 heures seulement. Supposons de plus la vitesse de translation de 12 milles au lieu de 8, la moyenne ordinaire. Le capitaine aura néanmoins encore le temps suffisant pour couper en avant du cyclone. Pour cela le navire B marchera vent arrière au N.-O. ; six heures après il aura parcouru 60 milles au moins et sera parvenu en C, après avoir franchi la ligne de translation. Le centre aura marché, pendant ce temps, jusqu’en P et ne se trouvera plus qu’à 60 milles du navire. Celui-ci aura en C du vent de sud et avancera jusqu’en D, où le centre R ne sera plus qu’à 50 milles. Le baromètre aura baissé de 755mm à 740mm, les rafales auront augmenté de violence ; mais dès lors les dangers les plus redoutables sont franchis. En D on a du vent S.-O. et on peut reprendre la route primitive. Comme le vent est très-favorable, le chemin perdu en courant au N.-O. sera promptement regagné.

M. Bridet montre aussi qu’un navire revenant de l’Inde à la Réunion peut, en présence d’un cyclone, faire une manœuvre analogue. Entre les mois de juin et d’octobre, on rencontre assez fréquemment, près du cap de Bonne-Espérance, des cyclones qui arrivent dans cette région en parcourant la seconde branche de leur trajectoire. On peut les utiliser souvent pour faire route vers la Réunion. Dans le retour en Europe, il est aussi très-avantageux, pour doubler le cap, de passer résolument devant le tourbillon.

F. Zurcher.

CHRONIQUE

Ascension du ballon « le Jean Bart. » — Samedi, 4 octobre, MM. Albert et Gaston Tissandier ont exécuté un nouveau voyage aérien, dont nos lecteurs trouveront le récit dans notre prochain numéro. Ils se sont élevés de l’usine à gaz de la Villette, accompagnés de M. Paul Henry, astronome, du peintre M. Bonnat, et d’un autre voyageur. La descente a eu lieu à Crouy-sur-Ourcq dans des conditions exceptionnelles, bien faites pour rassurer ceux qui prétendent encore que les voyages aériens sont dangereux.

Découvertes d’objets de l’âge de pierre. — On trouve en ce moment, dit le Journal de Genève, près de Luscherz (non loin de Cerlier auprès du lac de Bienne), par suite de l’abaissement des eaux amené par la correction des eaux du Jura, des haches de pierre, les unes avec un manche en corne de cerf, les autres en néphrite ; des aiguilles de corne, des objets de toilette consistant surtout en dents percées, etc. ; outre ces objets fabriqués, on rencontre aussi en grande quantité des bois du cerf géant, de l’élan et d’autres animaux à cornes qui n’existent plus ; des crânes de castor, etc. M. Jenner, de Berne, rassemble tous ces objets et les fait nettoyer avec le plus grand soin pour les installer plus tard dans le musée archéologique.

Le fer en Amérique. — On estime que le dixième de la population entière des États-Unis vit aux dépens des manufactures et de la production du fer. La valeur du métal fabriqué annuellement est de 900 millions de dollars ; 940 000 hommes sont employés dans cette industrie et la moyenne des gages qui leur sont alloués atteint 600 millions de dollars.

Une nouvelle mine de corindon, en Pennsylvanie. — Près d’Unionville, dans le comté de Chester, en Pennsylvanie, on a découvert une mine de corindon que les propriétaires ont commencé à exploiter et à préparer pour les besoins du marché. Pour ce dernier sujet, ils ont monté une machine appropriée pour réduire le corindon en poudre à différents degrés de finesse. Réduit à cet état, le corindon prend une jolie couleur blanche et est très-net. La mine présente l’aspect d’un lit presque vertical de corindon bien disposé pour que l’exploitation ne soit pas trop difficile. Une profonde excavation laisse voir une gorge de près de 5 mètres de largeur qui disparaît à l’est et à l’ouest, sous la couche de gravier et d’argile qui surmonte le corindon sur les côtés de la mine. La crête du lit, duquel on extrait le corindon à l’aide de la poudre, à environ 1m,70 d’épaisseur. Il est naturellement impossible d’évaluer l’étendue de la couche. Elle s’étend probablement sur toute la largeur de la colline et elle peut atteindre quelques centaines de pieds de profondeur. Le professeur Garth a récemment visité cette mine et celle de la Caroline du Nord ; il doit bientôt faire un rapport intéressant à ce sujet.

Congrès des météorologistes à l’Exposition de Vienne. — Le premier des Congrès universels de la