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LA NATURE.

loque de mauvais chiffons. N’avions-nous pas raison de nous tenir sur la réserve en parlant de ce ballon, qui, aussi gros qu’une montagne, n’a même pas accouché d’une souris ?

Les membres correspondants de l’Association britannique. — Nous donnerons prochainement des détails sur la session de l’Association britannique ; mais nous mettons dès à présent sous les yeux de nos lecteurs la liste des membres correspondants que le comité général de l’association scientifique anglaise vient de nommer, et parmi lesquels on remarquera le nom d’un de nos collaborateurs. Voici quelques uns des savants choisis par le comité : MM. Wurtz, Bergeron (de Lausanne), le professeur Delvague (de Liège), E. Croullebois, W. de Fonvieille, Paul Gervais, Survey (de Washington), von Richter (de Pétersbourg), etc.

La pêche aux harengs. — Elle donne cette année des résultats magnifiques sur nos rivages. À Boulogne-sur-Mer, quarante-quatre bateaux pêcheurs ont débarqué au port plus de sept cents leasts de harengs, soit environ 7 millions de poissons. La pêche aux maquereaux n’est pas moins miraculeuse. Douze ou quinze embarcations remplissent constamment leurs filets, et chaque jour elles rapportent à terre une innombrable quantité de poissons.

Les récompenses à l’Exposition de Vienne. — Pour les 70 000 objets environ qui figurent à l’Exposition universelle, il n’a pas été distribué moins de 26 002 récompenses, car tel est le chiffre des diplômes d’honneur, des médailles de progrès et de mérite, des diplômes de mérite, des médailles de bon goût, d’art et de coopération qui ont été décernées. Ces 26 002 récompenses se décomposent comme suit : 421 diplômes d’honneur, 3 024 médailles de progrès, 10 465 diplômes de mérite, 8 800 médailles de mérite, 8 326 médailles de bon goût, 978 médailles d’art, 1 998 médailles de coopération. Voici le nombre total des récompenses reçues par chaque pays représenté à l’Exposition : Belgique 612, Brésil 202, Chine 128, Danemark 309, Allemagne 5 066, Égypte 75, Angleterre et Colonies 1 156, France 3 142, Grèce 183, Italie 1 908, Japon 217, Madagascar, etc. 10, Maroc, Tunis, Tripoli 20, Mexique 1, Monaco 9, Pays-Bas 284, États-Unis d’Amérique du Nord 411, Autriche (sans la Hongrie) 5 991, Perse 29, Portugal 441, Roumanie 238, Russie 1 018, îles Sandwich 8, Suède et Norwége 434, Suisse 722, Siam 1, Espagne 1 157, républiques de l’Amérique centrale et méridionale 44, Turquie 470, Turkestan 1, Hongrie 1 604. (Correspondance Havas.)


LE ROYAUME D’ATCHIN

Le royaume d’Atchin, ou plutôt d’Acheen, sur lequel une expédition malheureuse des Hollandais vient d’attirer l’attention de l’Europe, est situé au nord-ouest de l’île de Sumatra. Sa ville capitale occupe, à deux ou trois milles de la mer, le fond d’une vallée que forment deux rangs de collines en amphithéâtre. La rivière qui la traverse n’est pas large, mais elle se divise en un grand nombre de canaux et se jette à la mer au milieu d’un delta marécageux. « Imaginez-vous, dit un missionnaire français qui explorait le pays à la fin du siècle dernier, imaginez-vous une forêt de cocotiers, de bambous, d’ananas, de bananiers, au milieu de laquelle passe une assez belle rivière couverte de bateaux, mettez dans cette forêt un nombre incroyable de maisons faites de cannes, de roseaux, d’écorces, et disposez-les de telle manière qu’elles forment tantôt des rues et tantôt des quartiers séparés (Kampongs) ; coupez ces divers quartiers de prairies et de massifs d’arbres fruitiers, et vous vous ferez une idée d’Acheen. » Les choses ont peu changé depuis cette époque, l’aspect du pays et de la ville est toujours le même, quelques constructions nouvelles se sont élevées, mais elles sont toujours de même sorte, et les seuls monuments en pierre que la ville possède sont le palais du sultan, ainsi qu’une citadelle, fondée en 1521 par le sultan Allah Oeddin, qui défend le cours de la rivière avec le concours de quelques bastions, fortins ou kratons armés à l’européenne.

Le royaume d’Acheen, qui, selon Barros, était une dépendance de l’État de Pedir, au moment où les Portugais débarquèrent à Sumatra, et qui devrait, au contraire, si l’on s’en rapporte au témoignage de certaines chroniques malaises, remonter comme État indépendant jusqu’au treizième siècle, a subi des fortunes diverses et s’est agrandi aux dépens de ses voisins les radjahs de Daya, de Lambri, de Pedir, de Samoudra, de Perlak-Posei et d’Arou. Mais il semble que la souveraineté du sultan sur ces pays soit plutôt nominale qu’effective et certains d’entre eux pourraient bien profiter des circonstances actuelles pour secouer le joug et se déclarer indépendants. La population, estimée à plus d’un million d’habitants, parle le haut malais sur la côte et l’atchinais dans l’intérieur du pays. Séparés au sud par une chaîne de montagnes des tribus Battas, qui sont considérées comme aborigènes, les Atchinois n’en diffèrent pas d’une manière sensible ; ils sont cependant plus grands, plus vigoureux, plus foncés de peau, plus actifs et plus industrieux que leurs voisins. Ils possèdent plus d’intelligence et de sens commercial, et les industries qui sont en honneur dans les autres parties de l’île ont atteint chez eux la perfection. Ils faisaient autrefois avec les naturels d’une partie de la côte de l’Indoustan, appelée Talinga, un grand commerce d’étoffes épaisses de coton et de soie, et recevaient en échange de l’opium et du fer. Le riz, le poivre et le bétel sont les principales productions du pays qui s’exportent en quantités considérables, ainsi que le bois de sapan, la gutta-percha, les rotins, le benjoin, le camphre, le soufre, tiré d’un volcan du voisinage, l’ivoire qui provient d’une espèce d’éléphants semblable à celle de Ceylan et la poudre d’or. Certains de ces articles ont vu tour à tour leur production ou la consommation diminuer ; tels sont le camphre et la poudre d’or qui est ramassée dans les montagnes voisines d’Acheen, mais dont la plus grande partie provient des ports méridionaux de Malaboo et de Soosoo. Si l’on ne connaît de nos jours que d’une façon approximative l’importance des transactions auxquelles donne lieu cette dernière production, on comprend qu’il est impossible de la déterminer