Page:La Nature, 1873.djvu/309

Cette page a été validée par deux contributeurs.
301
LA NATURE.

les uns contre les autres. Même avec le grossissement ordinaire, il est déjà facile de voir que ces longs prismes sont terminés par des facettes triangulaires équilatérales. On peut comparer cette étonnante propriété à celle qui distingue certaines substances recevant des cicatrices cristallisées quand on les dissout lentement dans l’acide chlorhydrique. Nous ne nous chargeons point d’expliquer comment il se fait que la combustibilité du diamant offre une régularité si merveilleuse. Mais il nous paraît que cette sorte de décomposition anatomique est de nature à mettre sur la trace de la constitution intime de la gemme, dont la production naturelle est encore un des plus profonds mystères de la nature. Nous livrons le fait brut tel qu’il a été donné par M. Marrens et tel que G. Rose, de Berlin, l’a, par conséquent, laissé aux méditations des chercheurs.

Aspect d’un diamant chauffé, vu au microscope sous un grossissement de 360 diamètres.
(Le diamant est représenté en vraie grandeur dans le cercle noir en haut de la gravure.)

CHRONIQUE

Pêche de marsouins dans le golfe de Marseille. — Les côtes de la Méditerranée voisines de Marseille ont été visitées, le mois dernier, par une prodigieuse quantité de marsouins qui y ont fait leur apparition à la suite d’un violent mistral. Les pêcheurs marseillais ont pu, en manœuvrant habilement leurs barques, rabattre les animaux marins sur le rivage, où l’on en a fait un véritable massacre. De nombreux spectateurs se jetaient sur ces innocentes proies, qui faisaient retentir l’air de gémissements et de cris effroyables. Les marsouins sont les ennemis des pêcheurs, parce qu’ils détruisent les poissons qui fréquentent les côtes, qu’ils les dévorent avec avidité, en faisant ainsi une funeste concurrence à cet autre mangeur qu’on appelle l’homme.

Revue aérostatique. — Un événement dramatique a mis récemment en émoi la ville de San Francisco. Un aéronaute, M. Gruet-Buislay, en s’élevant de Woodwards-Garden, alla se buter contre un poteau ; son ballon se déchira, mais il n’en continua pas moins à s’élever. Il passa bientôt au-dessus du Long-Bridge, et se mit tout à coup à descendre avec une rapidité vertigineuse. L’aéronaute, à 40 pieds de hauteur, se jeta dans l’eau, et comme il est excellent nageur, il en fut quitte pour un plongeon ; il revint sur le rivage du fleuve, aux applaudissements de la foule, vivement émue par cet incident palpitant.

— Nos lecteurs ont sans doute appris la mort de M. Godard père, âgé de 71 ans : il était le doyen des aéronautes français, et il mérite certainement une page dans l’histoire de l’aérostation. M. Godard a conservé en France la tradition des ballons par ses nombreux voyages aériens, à une époque où les savants ne s’occupaient guère de l’art sublime créé par les Montgolfier. Il a élevé ses fils dans l’amour de l’aérostation, et MM. Eugène, Jules et Louis Godard, ont suivi l’exemple paternel en popularisant tous les jours, par leurs innombrables ascensions, le goût des voyages atmosphériques.

— Le ballon captif de Vienne joue de malheur. Après avoir été éventré par une bourrasque, il a été remplacé par un nouvel aérostat, qui n’a même pas pu être gonflé. Le gaz a littéralement filtré à travers son étoffe, et l’aéronaute, pendant le gonflement, s’est trouvé dans la situation critique des Danaïdes. Mais, contrairement aux cinquante filles de Danaüs, c’est lui-même qui a fabriqué tout seul son tonneau sans fond.

Les animaux utiles. — Plusieurs instituteurs du département de Seine-et-Marne viennent de faire afficher dans leurs écoles une liste des animaux, des oiseaux et des insectes utiles à l’agriculture. Parmi les bestioles recommandées, figurent : la couleuvre et l’orvet, qui détruisent les limaces, les chenilles et les sauterelles ; la taupe, qui se nourrit de vers blancs et de courtilières ; la fauvette et le grimpereau, qui tuent les guêpes et mangent les cloportes ; les mésanges, qui dévorent par milliers des moucherons, des cousins et des insectes nuisibles ; les chouettes, les étourneaux, les hirondelles, les martinets, etc., etc., qui font une guerre acharnée aux ennemis du laboureur. (Journal officiel.)

La traversée de l’Atlantique en ballon. — Cette expédition, préparée avec tant de bruit, annoncée au son des trompettes de la réclame, a échoué de la façon la plus piteuse. Le gonflement du ballon de MM. Wise et Donaldson s’est exécuté par un temps magnifique et calme. Mais à peine l’aérostat fut-il plein qu’il se déchira sous la seule action de la pression du gaz. — Son étoffe n’avait aucune consistance et le reste du matériel était digne de l’enveloppe ridiculement mince pour un aérostat de proportion gigantesque. — Avant l’accident, M. Wise avait déclaré que le matériel était insuffisant et qu’il se retirait, ne voulant pas risquer sa vie dans un appareil grossier et mal construit ; M. Donaldson continua le gonflement jusqu’au moment où la déchirure s’ouvrit dans les flancs de l’aérostat, que l’on vit subitement s’affaisser comme une