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LA NATURE.

nomie physique qui nous paraît bien négligé en France. L’Observatoire de Marseille, grâce au télescope de Foucault, serait seul en état de poursuivre des études de ce genre. La même nébuleuse a été étudiée par M. W. Huggins, au point de vue spectroscopique. Cet astronome a constaté dans le spectre de la nébuleuse, spectre en apparence continu, l’absence de la totalité du rouge et d’une partie de l’orangé, et il remarque que l’amas stellaire d’Hercule, facile à résoudre en étoiles, présente un spectre précisément semblable.

Un mot maintenant des planètes.

Mercure, pendant le mois d’octobre, parcourra de la Vierge dans la Balance, une longue ligne à peu près parallèle à l’écliptique. Il n’est toujours pas aisé à voir, pour ne pas dire impossible, puisqu’il ne se couche que peu de temps après le soleil, un quart d’heure environ le 1er octobre et une demi-heure à la fin du mois.

Vénus sera toujours visible le matin, trois heures environ avant le lever du soleil. D’un point situé très-près de l’étoile φ du Lion, cette planète va, en longeant l’écliptique entrer, dans la Vierge, où elle atteindra à la fin d’octobre une position très-voisine du point d’où était parti Mercure au commencement.

C’est aussi dans cette même région céleste que Jupiter se verra, de 2 heures à 4 heures avant le soleil. Il se mouvra du Lion dans la Vierge, entre des points ayant pour ascensions droites 11 h. 17m et 11 h. 40m, et pour déclinaisons boréales 5° 44′ et 3° 23′.

De toutes les planètes principales, c’est toujours Saturne qui présentera, pendant ce mois, les circonstances les plus favorables à l’observation. Il passe, en effet, au méridien, 7 h. 10m du soir à 5 h. 1/4 environ, c’est-à-dire entre une heure et une demi-heure après que le soleil est couché, et il ne se couche lui-même qu’entre onze heures et demie et dix heures et demie du soir. Mais il est toujours peu élevé au dessus de l’horizon, dans nos latitudes du moins, et les influences atmosphériques sont généralement gênantes dans ces conditions, pour qui veut faire des études minutieuses sur les particularités physiques d’un astre aussi curieux que Saturne. Les plus récentes acquisitions dans ce genre sont, croyons-nous, les nombreuses observations et mesures micrométriques de P.-G. Bond, et encore les observations spectroscopiques de MM. Janssen et Huggins, d’où il paraît résulter qu’il y a de la vapeur d’eau dans l’atmosphère de Saturne. Cette planète est sur les confins des constellations du Sagittaire et du Capricorne.

Uranus est dans le Cancer ; Neptune dans les Poissons. La première de ces grosses planètes, bien petites à l’œil, se lève vers minuit le 1er octobre, vers 10 h. 1/2, à la fin du mois. Elle sera donc d’une observation facile : on pourra la voir comme une étoile de sixième grandeur, un peu au nord de deux étoiles de même éclat distantes de quelques minutes et dont la plus méridionale est marqué O dans le catalogue de Boyer. Uranus, à qui l’on attribuait d’abord six, puis huit satellites, est-il réduit à quatre, comme le prouveraient les dernières observations de Lassell ? C’est ce que les astronomes, munis des plus puissants instruments et observant dans un ciel très-pur, pourraient seuls décider, car si quelques-uns des satellites de Saturne sont très-difficiles à voir, ceux d’Uranus ne sont pas non plus d’une observation aisée.

Neptune est en opposition le 19 octobre ; précisément à la même date, Saturne sera en quadrature.

Du 18 au 20, du 25 au 26 octobre, essaim périodique d’étoiles filantes à observer. Le point radiant du premier est, d’après A. Herschel, l’étoile ν d’Orion ; celui du second essaim, déterminé par Herrick, est voisin de l’étoile ε des Gémeaux.

Amédée Guillemin.

CHRONIQUE

L’expédition de Khiva. — Cette étonnante campagne, que la Russie accomplit au milieu des plus effroyables obstacles (voy. p. 129), apportera certainement à la science un sérieux contingent de faits nouveaux. L’armée de terre n’est pas seule à prendre part à l’expédition : une flottille russe s’efforce de pénétrer dans le fleuve Amour, en anéantissant les digues de l’Ourkoun-Daria. Ces reconnaissances opérées par les Russes, dans des pays où nul Européen ne pouvait pénétrer qu’au prix des plus grands périls, offrent une importance capitale au point de vue géographique. D’après l’Invalide russe, on sait déjà que le cours d’eau le plus important qui traverse ces régions est le Kouvan-Djarma ; il se dirige sur le lac Doua-Kara, et de là par le bras Yanghi-Sou, dans le golfe Toustché-Bass. Ce dernier cours d’eau est un véritable torrent, impétueux, terrible. Il roule ses eaux sur un sol rocailleux avec une vitesse extraordinaire, et forme çà et là des rapides du plus imposant aspect.

Un monument à la mémoire de Liebig. — Le comité de direction de la Société chimique de Berlin a décidé qu’une statue de l’illustre chimiste serait érigée à Darmstadt, à Giessen ou à Munich : il fait appel au public pour obtenir les fonds nécessaires à la réalisation de ce projet, et adresse des circulaires, à tous les chimistes de l’Allemagne. D’après l’importance des souscriptions, il y a lieu de croire que la statue de Liebig sera digne de l’homme dont elle perpétuera l’image.

Tempêtes. — Elles sont extraordinairement fréquentes cette année. L’atmosphère semble rivaliser de fureur avec les feux souterrains qui ont si terriblement ébranlé le sol depuis quelques mois. Sur la mer Noire, plus de 100 navires se sont perdus et plus de 800 personnes ont péri sous l’action d’une tempête épouvantable, vers la fin du mois dernier. Sur les côtes de la Nouvelle-Écosse, la mer en furie a fait de nombreuses victimes, et plus de 36 bateaux-pêcheurs ont fait naufrage, jetés sur les côtes par un vent formidable.

Exploration du fleuve Bleu. — M. le lieutenant de vaisseau Francis Garnier, qui, aux dernières nouvelles, s’était arrêté à l’embouchure du Yuen-kiang, sur le lac Tong-ting, a traversé toute la région des rapides sans