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LA NATURE.

Lorsque plus tard les actions des courants furent connues plus complètement, lorsque l’induction eut été découverte, on fut conduit naturellement à rattacher à ces effets les expériences que nous venons de rappeler sommairement et qui étaient étudiées jusqu’alors sous le nom de magnétisme en mouvement. La découverte des électro-aimants qui donnent le moyen d’obtenir des actions magnétiques, d’une intensité considérable, permit de reprendre les expériences en les variant et en les rendant plus nettes. Nous rappellerons l’expérience de Faraday, qui met en évidence, d’une manière saisissante, l’action de l’aimant sur le cuivre : un cube de cuivre auquel on communique une grande vitesse de rotation tourne entre les pôles d’un électro-aimant ; tant que celui-ci est inactif, le cube tourne presque sans rien perdre de sa vitesse ; mais sitôt qu’un courant électrique passe dans les fils qui entourent l’électro-aimant et le rend actif, le cube est arrêté. L’effet est presque instantané ; si, d’autre part, une petite force, comme celle qui provient de la torsion d’un fil par lequel le cube est suspendu, continue d’agir, le mouvement se prolongera, mais avec une vitesse extrêmement faible ; le cube a l’air de se mouvoir dans un milieu pâteux. Le mouvement reprend et s’accélère sitôt que l’un interrompt le courant et que les fers doux qui constituent l’électro-aimant se trouvent ramenés à l’état naturel.

Nouvel appareil d’induction, construit par Ruhmkorff.

En modifiant les conditions de l’expérience, Faraday put conclure que c’est la production de courants d’induction dans le cuivre qui est la cause de l’arrêt observé. Dans d’autres expériences, auxquelles nous ne nous arrêterons pas, l’existence de ces courants fut démontrée par l’exploration directe d’un disque de cuivre tournant devant un aimant, exploration qui permit de définir leurs trajectoires d’une manière certaine.

L’expérience de Faraday, que nous venons de citer, peut être présentée sous une autre forme : un disque de cuivre rouge, à axe horizontal, peut recevoir un mouvement de rotation très-rapide (10 000 tours par minute), qu’on lui communique par une série de roues dentées et de pignons mus par une manivelle. Ce disque passe entre les deux extrémités du noyau de fer doux d’un électro-aimant, dans les fils duquel on peut à volonté faire circuler un courant. Tant que le courant n’agit pas, et lorsque le disque a atteint la vitesse qu’il peut acquérir, il suffit d’un faible effort pour entretenir le mouvement, et si l’on abandonne la manivelle, la rotation se continue pendant longtemps avec un ralentissement graduel. Mais l’arrêt est immédiat au moment où l’on ferme le circuit qui contient une pile et les fils de l’électro-aimant.

C’est Foucault qui fit disposer l’expérience comme nous venons de l’indiquer ; il n’avait pas pour but de