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LA NATURE.

sie des Allemands arrive à les écraser jusque chez nous.

Quand même les destins se montreraient contraires à cette poignée de vrais savants marchant à la conquête d’un gigantesque inconnu, le résultat de leurs premières campagnes suffirait pour les immortaliser. Leurs travaux dans l’histoire des explorations célèbres comme un exemple de ce que peuvent faire des hommes intrépides quand ils sont attachés à une mission difficile, mais pour laquelle ils sont suffisamment préparés.

Mais nous aimons à croire que la Providence, qui a permis que notre héroïque Gustave Lambert fût frappé par des balles allemandes, s’apercevra enfin qu’elle nous doit quelque compensation. Puisse-t-elle favoriser ces nobles nations du Nord chez lesquelles notre pauvre France a toujours rencontré de si généreuses sympathies !

Carte des régions polaires.

Si quelque chose peut, en effet, nous consoler de savoir que le drapeau tricolore ne flottera point sur le pôle du monde, c’est de n’avoir point à craindre d’y voir placer le drapeau allemand, ce sera surtout d’apprendre que Nordenskiold y arborera l’étendard de la nation qui s’enorgueillit des Hansteen, des Berzélius et des Linnœe.

Il y a bien des siècles que les Scandinaves, guidés par Erick le Rouge, ont trouvé la route du Groenland, et devancé de trois ou quatre siècles les caravelles de Christophe Colomb ! Qu’ils continuent à être les pionniers de la vieille Europe, marchant à travers les glaces polaires à la conquête de nouveaux continents !

W. de Fonvielle