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LA NATURE.

quer que l’endroit de la découverte était effectivement le temple de Pallas Athene, la divinité tutélaire de la ville. On aurait ainsi retrouvé l’enceinte fortifiée et la tour principale de la forteresse. Les travaux se poursuivent activement avec 150 ouvriers terrassiers.

Agassiz aux îles Élisabeth. — Les journaux d’Amérique nous apprennent que le célèbre Agassiz, membre correspondant de l’Académie des sciences de Paris, vient de procéder à l’inauguration de l’école d’histoire naturelle pratique dont il a accepté la direction dans cet archipel. Cet établissement est encore unique dans le monde. Quoique depuis plusieurs années on ait établi des aquariums dans plusieurs ports de mer, on n’avait pas encore songé à créer un enseignement spécial au milieu du district marin où vivent les plantes et les animaux dont on s’occupe.

L’instruction qui sera donnée par le plus grand naturaliste de l’école, sera entièrement gratuite ; les élèves n’auront qu’à subvenir aux frais de leur nourriture et de leur entretien personnel qui seront peu considérables. Aussi les demandes d’admission ont été si nombreuses, que M. Agassiz a dû en rejeter le plus grand nombre : craignant de voir reparaître sous forme de visiteurs et de flâneurs ceux qu’il avait dû éconduire, il a dû publier une sorte de proclamation pour avertir le public qu’il n’y avait pas dans l’île le moyen de loger des personnes autres que les 50 élèves et leurs professeurs.

Nous apprenons en même temps qu’un armateur de New-York vient de donner à l’école un yacht destiné aux promenades, excursions scientifiques, draguages, etc., etc.

M. Agassiz qui s’établit ainsi, à l’âge de 72 ans, dans une petite île du golfe Blizzard, ne manquera certainement pas, malgré son grand âge, de doter la science d’importants progrès. On sait que le célèbre naturaliste a déjà exécuté, dans le cours de sa longue carrière, de magnifiques explorations, qui l’ont habitué à une existence semblable à celle, qu’il va mener dans un pays peu habité.


ACADÉMIE DES SCIENCES

Séance du 4 août 1873. — Présidence de M. Bertrand.

M. Tyndall assiste à la séance.

— Au nom de son collègue de la guerre, le ministre de l’instruction publique s’informe du sort des nombreux mémoires relatifs à l’aérostation que depuis trois ans l’Académie a reçus, par l’entremise du premier de ces départements. — Aucun rapport n’est prêt et comme on ne peut prévoir quand ils le seront tous, M. Dumas propose d’extraire immédiatement de l’amas de pièces à examiner ce qui est évidemment mauvais et de faire du reste l’objet d’un rapport qui, restreint à cet ordre de documents, pourra être promptement terminé.

— L’orage qui a éclaté le 26 juillet, à Troyes (Aube) et sur lequel une lettre de M. Eugène Parent donne d’intéressants détails est digne d’attention non-seulement comme ayant offert de nombreux exemples de foudre globulaire mais aussi à cause des caractères inusités qu’elle a présentés. Ici, c’est un globe de feu de la grosseur d’une orange qu’on voit courir dans la rue et disparaître sans bruit. Un peu plus loin, un autre globe de feu se montre dans un magasin, en sort par la porte, y rentre par le même chemin et disparaît encore sans bruit après avoir imprimé sur le plafond le dessin d’un store placé sur son passage. Ailleurs enfin un troisième globe éclate toujours sans bruit en projetant une pluie de feu dans tous les sens. Cette allure silencieuse est comme on peut le voir par la notice d’Arago sur le Tonnerre un caractère qui n’avait pas encore fixé l’attention. M. Dumas constate que les éclairs en boule paraissent fréquents cette année et il cite la Manche comme en ayant été plus particulièrement témoin.

— Le secrétaire présente au nom de M. Lawrence Smith professeur à l’Université de Louisville (Kentucky) la collection en un volume de tous les mémoires minéralogiques et géologiques de l’éminent savant américain. Il signale spécialement un grand travail sur le corindon de la Caroline du Nord ; on en trouve des cristaux transparents et propres à la joaillerie et en même temps d’opaques et fendillés qui atteignent parfois l’énorme poids de 300 à 400 kilogrammes. Un autre volume non moins précieux dans un genre différent est offert de la part de M. le docteur Marey qui y a réuni ses ingénieuses et savantes expériences sur la mécanique animale.

La détermination du volume d’air nécessaire à la salubrité des lieux habités est l’objet d’un mémoire du général Morin. Il a pris son point de départ sur les recherches si précises faites naguère sur le même sujet par le savant et modeste M. Félix Leblanc qui analysant en 1842 l’air de l’amphithéâtre de la Sorbonne à l’issue d’une leçon de M. Dumas, lui trouvait des caractères véritablement toxiques. Il s’en faut de beaucoup que ces recherches aient produit les fruits qu’on eût pu en attendre. Prenez l’air de nos modernes casernes, où l’espace moyen est par homme de 10 à 12 mètres cubes, cet air aurait besoin d’être renouvelé à raison de 80 à 90 mètres cubes par homme et par heure, pour être salubre ; or on ne le renouvelle pas du tout ! Les choses se passent autrement en Angleterre, où d’abord les casernes sont relativement plus vastes, l’espace y étant de 17 mètres cubes par tête et où le renouvellement se fait à raison de 87 mètres cubes. La nécessité d’une circulation si active n’étonne pas, quand on sait que chaque homme exhale en une heure 12 litres de vapeur d’eau et 20 litres d’acide carbonique.

Un dernier fait. Une chambre à coucher cubant 60 mètres et habitée par une seule personne n’est salubre que s’il y passe 40 mètres cubes par heure. Que le jour de l’hygiène est donc encore loin de nous !

— Une exhibition de Cucujos petits insectes envoyés de Cuba à M. des Cloizeaux et qui ont la propriété de devenir lumineux quand on les immerge dans l’eau, procure une agréable distraction. L’Académie, à notre connaissance, jouit de ce joli spectacle pour la seconde fois. De 1500 insectes expédiés de la reine des Antilles il ne reste plus qu’une douzaine de sujets vivants.

Stanislas Meunier.

LA MÉTÉOROLOGIE DU MOIS DE JUILLET

Quoique le thermomètre se soit élevé à deux reprises différentes jusqu’à 32° au-dessus de zéro, et que nous ayons traversé quelques journées véritablement étouffantes et quelques nuits qui ne l’étaient guère moins, c’est surtout par l’abondance des orages et la fréquence des coups de foudre que cet été est véritablement remarquable.

L’orage le plus violent est sans contredit celui qui a éclaté dans la journée du 26, à deux reprises différentes. La première secousse orageuse a eu lieu un