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LA NATURE.

spectrales, lorsqu’il adaptait à son télescope l’équipage que nous donnons en coupe et en plan (fig. 1 et 2). La pièce C représente un simple prisme, et la pièce B une série de prismes servant à rendre la dispersion plus grande.

Ces deux pièces, C et B, équilibrées l’une par l’autre, étaient ajustées, comme on le voit dans la figure en coupe, de manière à ce que l’on puisse amener à volonté l’une ou l’autre devant l’oculaire du télescope A’, et avoir, par conséquent, deux degrés différents de dispersion.

Toutes ces modifications spéciales avaient été faites en vue d’une observation unique ; celle du disque solaire pendant un instant très-court, cinq minutes à peine. L’argent employé à de grandes observations n’est jamais perdu pour la cause de l’Humanité. Est-ce que notre plus bel apanage n’est point l’étude de la nature ? À quoi sommes-nous bons sur la terre, si nous restons indifférents aux merveilles que le ciel nous montre ?


CHRONIQUE

L’exposition russe à Vienne. — La Russie s’est particulièrement fait remarquer à Vienne par une exhibition formidable d’engins de guerre. Nous décrirons prochainement le canon qu’elle a envoyé dans la capitale autrichienne, et qui dépasse en puissance et en grandeur, le célèbre canon Krupp. Le gouvernement russe s’est appliqué à étaler aux yeux des visiteurs des fusils de toute sorte, des pièces d’artillerie et des mitrailleuses.

Cet étalage militaire fait dire avec esprit à un journal américain que l’ours du Nord montre les dents !

Une nouvelle lumière électrique à Londres. — On fait actuellement de très-curieuses expériences d’éclairage public au moyen de la lumière électrique, à l’endroit où est placé le magnifique cadran de Westminster. M. C. W. Cooke, inventeur d’un régulateur perfectionné, projette au loin des rayons intenses, concentrés à l’aide de lentilles analogues à celles que l’on emploie dans les phares. L’intérêt de ces expériences est incontestable au point de vue scientifique, mais nous doutons fort que la lumière produite par l’arc voltaïque puisse pénétrer dans le domaine de la pratique, en raison de son éclat beaucoup trop vif.

Le boa constrictor de Poodoocottah. — Le Times des Indes anglaises nous apprend que les environs de Poodoocottah étaient depuis quelque temps ravagés par un immense boa constrictor, que les naturels considéraient comme un être sacré.

Un enfant égaré dans les marais situés près de la ville fut mis en pièces et dévoré par le monstre. Deux intrépides Anglais, MM. Johnsone et Pennington, au risque des plus grands dangers, attaquèrent ce terrible boa-constrictor et parvinrent à le tuer à coups de fusil. La peau du serpent, déposée au muséum de Madras, ne mesure pas moins de 6 mètres 25 cent.

Curieuse utilisation de la chaleur solaire. — Pendant la construction récente d’un pont en Hollande, une poutre de 465 pieds de long se trouva mal placée sur ses supports ; elle était à un pouce de la place qu’elle devait occuper, et l’on se demandait quel moyen on pouvait employer pour la remettre dans sa position véritable, lorsqu’on pensa à utiliser la chaleur solaire. La différence entre le jour et la nuit atteignait 25° ; on jugea qu’elle était suffisante pour obtenir l’effet que l’on cherchait. Dans ce but, l’extrémité qu’il s’agissait de remettre à sa place fut invariablement fixée le matin, tandis que l’autre extrémité fut laissée libre. Sous l’influence de la chaleur solaire la poutre s’allongea, et son extrémité libre s’avança d’une certaine quantité. Vers le soir, et avant le coucher du soleil, cette extrémité libre fut à Son tour fixée invariablement, tandis que l’extrémité opposée fut dégagée ; par suite du froid de la nuit, une contraction se produisit, et l’extrémité libre, se déplaçant, se rapprocha de la place qu’elle devait occuper : cette double opération fut répétée le lendemain, et les déplacements furent tels que, après ces deux jours, la partie qu’il s’agissait de mouvoir avait repris la place quelle devait occuper régulièrement.

C’est là, croyons-nous le premier exemple d’une application industrielle de la dilatation produite par la chaleur solaire. On sait qu’un procédé analogue fut employé au Conservatoire des arts et métiers ; mais la dilatation était due à une source de chaleur artificielle.

Départ de la Juniata. — La Juniata est partie de Terre-Neuve, le 9 juillet dernier, pour aller à la recherche du Polaris, Toute la population de Saint-Jean était réunie sur la jetée et a acclamé les hardis voyageurs. La Juniata doit toucher à Disco pour établir un dépôt de provisions et à Leperniavik pour acheter des chiens et des traîneaux groënlandais. Le navire a été blindé en fer pour qu’il puisse résister à la pression des glaces ; il se dirige à toute vapeur vers le détroit de Smith. Est-il besoin de dire que tous nos vœux accompagnent les explorateurs ? Nous nous consolerons difficilement en songeant que la patrie de Gustave Lambert n’est point représentée dans cette expédition par un seul volontaire !

Hérodote et sir Baker. — Les journaux anglais ne révoquent point, jusqu’à ce moment du moins, la réalité