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LA NATURE.

douze pieds de profondeur. Le sol de la forêt avec tous les objets intéressants qu’il recèle, a été mis à nu et exposé aux regards.

Au-dessous de six à huit pieds de terre d’alluvion, on a trouvé un sol formé de branches, de feuilles, de semences, de troncs d’arbres, qui appartenaient à l’if, à l’aulne et au chêne. Une collection de restes d’animaux consistant en cornes de cerf, en ossements de bœufs brachycéfales et d’autres espèces récentes, ont été mis sous les yeux des visiteurs (Journal officiel).

Sir et lady Samuel Baker. — L’intrépide explorateur dont le télégraphe oriental nous a appris le retour, est actuellement au service du pacha d’Egypte qui lui a confié une petite armée. Il y a huit ans qu’il a obtenu la grande médaille d’or de la Société royale de géographie de Londres pour la découverte du lac Albert-Nyanza dans lequel le Nil se jette en sortant du lac Victoria-Nyanza par une immense cataracte qu’il a nommée chutes de Murchison. Le lac Albert-Nyanza se trouve à sept jours de marche seulement de Gondokoro, dernière station européenne où les méthodistes anglicans ont entretenu pendant quelques années une mission évangélique récemment licenciée.

Dans son premier voyage comme dans l’expédition qui vient de se terminer, sir Samuel Baker était accompagné par sa femme qui a refusé de le quitter et qui a partagé tous ses dangers.

La Perse contemporaine. — Il ne faut pas juger de la richesse des Persans par la splendeur des gemmes qui décorent la poitrine du roi des rois. Le pays de Cyrus n’est plus aujourd’hui ce qu’il était à l’époque où un peuple énergique préludait à la fondation d’un immense empire. La principale cause de cette décadence paraît être l’invasion d’une sécheresse toujours croissante, certainement due en grande partie à la nature qui vient aider l’impéritie des hommes. Ses fleuves se dessèchent du côté du nord par suite d’un exhaussement progressif du terrain qui a mis à sec bien des lacs anciennement en communication avec la mer d’Aral ou avec la mer Caspienne.

L’Oxus, dont les rives étaient jadis habitées par une population nombreuse, traverse actuellement un désert aride dans une grande portion de son cours. Çà et là des dunes de sel indiquent la place qu’occupaient du temps de la splendeur de la Perse les masses d’eaux salées qui, dans les temps anciens, devaient faire partie d’une grande mer intérieure.

Il n’y a pas dans ce monde que les hommes qui meurent ; les peuples eux-mêmes ont leurs périodes de prospérités et de décadence, beaucoup plus intimement liées qu’on ne le croit, à la nature intime des choses.

La culture du dattier. — L’agriculture dans le Sahara se réduit à cultiver le palmier-dattier ; ces arbres des latitudes tropicales ne viennent qu’aux lieux où l’industrie des Arabes est parvenue à arracher à la terre des nappes d’eau souterraines, ou à conduire au moyen de canaux, l’eau qui suit naturellement la pente des vallées. Les puits artésiens indigènes, les conduits dits feggara destinés à réunir toutes les eaux d’infiltration, prouvent autant de sagacité que d’opiniâtreté.

La tige du palmier est endogène comme celle du cocotier et du bananier ; elle n’a pas de véritable écorce, ou plutôt la base des feuilles forme une sorte d’enveloppe rugueuse. Le palmier vit plus de cent ans. Il est dioïque ; ses fleurs sont toutes uniquement mâles ou femelles. Au printemps, à l’époque où ses régimes commencent à s’épanouir, on procède à la plantation des arbres femelles. La fécondation se fait artificiellement au mois d’avril, par un homme qui, monté au sommet de l’arbre, secoue une branche de palmier mâle au-dessus des fleurs femelles.

Il est de toute importance que l’arrosement soit permanent, car suivant un proverbe arabe : « le palmier doit avoir le pied dans l’eau et la tête dans le feu. » Les groupes d’arbres qui forment des oasis plus ou moins importants sont irrigués comme le sont nos prairies, au moyen des ressources naturelles ou artificielles que la nature a mis à la disposition des Arabes. Si l’oasis n’est pas du tout arrosée, c’est que la nappe d’eau souterraine peut être atteinte directement par les racines des palmiers. L’oasis est pour le Saharien le refuge contre les ardeurs du soleil, le lieu où il peut étancher sa soif, et une ressource pour l’alimentation ; sans lui, les sables seraient inhabitables.

On cultive, sous l’ombrage, des légumes qui viennent également bien à toute époque de l’année ; l’arrosage se fait aussi par rigolage. Les navets, les oignons, les carottes, le piment et la plupart des légumes européens y ont une rapide croissance, mais la saveur est moindre que dans le Nord. La luzerne (saffssa) fournit jusqu’à six coupes par an. Il existe dans quelques oasis des plants de coton, de tabac, mais surtout de henné.

Comme le palmier est un arbre qui ne mûrit que sous les climats chauds et jouissant d’une température uniforme, il ne réussit que médiocrement sur les limites du Tell algérien. La récolte a lieu en novembre ; on monte dans l’arbre pour couper les régimes. Sa valeur varie de 5 francs à 100 francs, suivant son développement. Le rapport est estimé de 5 francs à 40 francs. À Sidi-Okba, à Biskra, dans le Souf, le rapport moyen est de 10 francs.

Tremblement de terre de la Turquie d’Asie, du Chili et des États-Unis. — Le tremblement de terre de la haute Italie, a été précédé sur divers points du globe, de phénomènes semblables dont l’action s’est fait sentir à Bagdad le 21 juin, et au Chili un mois environ auparavant, le 13 mai dernier. Le tremblement de terre du Chili, a offert un caractère de gravité très-sérieux ; les secousses ont été très-violentes, à Valparaiso, à Santiago, à Quillota, à La Ligua, à Canguenes et à Salvador. Les oscillations du sol ont eu lieu à Valparaiso à midi 32 minutes et ont duré 42 secondes. La terre tremblait d’une façon effroyable sous les pieds des habitants terrifiés ; deux églises et plusieurs maisons ont été fortement endommagées ; des tuyaux de gaz ont été arrachés des plafonds où ils étaient fixés, des livres précipités des bibliothèques qui les contenaient.

Dans la matinée du 6 juillet, trois secousses ont été ressenties à Buffalo aux États-Unis. Les monuments se sont mis à trembler violemment ; les navires en rade dans le port du lac Érié, ont subi l’influence de cette commotion. Quelques journaux anglais ajoutent que des secousses ont été ressenties dans les Indes, la veille du tremblement de terre italien, mais ce fait est erroné ; l’événement dont ils parlent est antérieur d’une année au cataclysme de la Saint-Pierre ; il a eu lieu le 28 juin 1872 et non le 28 juin 1873, comme le rectifie, une excellente feuille des Indes anglaises, le Bombay Times.

Les ballons militaires français. — Nous sommes heureux d’annoncer que le rapport fait par la commission mixte dans laquelle le ministère des finances était représenté par le directeur général des postes, et le ministère de la guerre par des officiers supérieurs du plus haut mérite, propose l’établissement d’une école aérostatique.