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LA NATURE.

du four, la met sur l’enclume et la retourne en tous sens, pendant que le marteau la frappe à coups redoublés. Le cingleur, pour se garantir des éclaboussures du laitier incandescent, porte une véritable armure ; il est muni de grandes bottes, de brassards de tôle, d’un masque de toile métallique et d’un épais tablier de cuir.

« Rien n’est plus saisissant que l’aspect d’une forge importante, où l’on voit en circulation les chariots portant les loupes incandescentes ; le feu jaillit de toutes parts ; de robustes ouvriers, aux épaules athlétiques, manient avec aisance les masses de fer qu’ils façonnent peu à peu, sous les coups répétés des marteaux-pilons. »

Marteau-pilon à vapeur.

Dans une autre partie de son ouvrage, M. Poiré décrit la fabrication des tissus, il nous donne notamment de curieux détails sur la confection du velours.

« Les velours d’Utrecht, dit l’auteur de la France industrielle, reçoivent quelquefois un dernier apprêt, qui a pour but de tracer des dessins en relief à leur surface. C’est ce qu’on appelle gaufrer ou frapper les velours. Cette opération s’exécute à l’aide de deux cylindres, dont l’un est en bois et appuie sur le second qui est creux et en cuivre. Le cylindre de cuivre a été gravé à sa surface, de manière que les dessins que l’on veut reproduire sur le velours soient en creux, et que les intervalles qui les séparent soient en relief ; il est chauffé à l’aide de morceaux de bois que l’on fait brûler à son intérieur, et communique avec une cheminée par un tuyau de poêle. Supposons maintenant que, pendant que les deux cylindres tournent l’un sur l’autre, on engage entre eux le velours à gaufrer, sa face veloutée étant du côté du cylindre de cuivre ; les saillies de ce cylindre vont pénétrer dans le velours, sans le brûler, et refouleront les houppes du tissu, qui, sous l’influence de la chaleur et de la pression, se coucheront, l’une sur l’autre d’une manière définitive. Quant aux parties creuses, elles laisseront entrer à leur intérieur les fibres relevées du tissu, qui seront respectées et reproduiront en relief à la surface de l’étoffe les dessins gravés en creux sur le cylindre.


Notre gravure représente une machine où l’on peut gaufrer deux pièces à la fois ; elle est munie de