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EN SUISSE



La grève générale


Proclamation de la grève générale par le Comité d’Olten

 À la classe ouvrière !

 Au peuple laborieux de la Suisse !

La classe ouvrière de presque toutes les grandes villes de la Suisse a protesté avec une force inattendue et une rare unanimité par une grève de 24 heures contre la mobilisation provocatrice du Conseil fédéral. Le Comité d’action d’Olten, représentant légitime des organisations ouvrières suisses a, en corrélation avec cette grève de protestation, qui a eu un cours aussi brillant, demandé le retrait immédiat des troupes.

Cette revendication a été refusée par le Conseil fédéral. À une époque où la pensée de la démocratie et de la liberté triomphe à l’étranger, au moment historique où les États jusqu’ici monarchistes vacillent, où les couronnes roulent dans la poussière, au moment solennel où les peuples de l’Europe se réveillent d’une nuit d’horreur et de terreur et veulent prendre eux-mêmes leurs destinées en mains, le Conseil fédéral de la « plus vieille démocratie de l’Europe » s’empresse d’étrangler le peu de liberté dont jouit encore le pays, de proclamer l’état de siège et de dominer le peuple au moyen des baïonnettes et des mitrailleuses.

Un tel gouvernement prouve qu’il est incapable de suffire à cette période historique et à ses besoins. Sous le prétexte de maintenir la tranquillité et l’ordre, de sauvegarder la sécurité intérieure et extérieure du pays, il met délibérément en jeu la tranquillité et l’ordre, la sécurité intérieure et extérieure de ce même pays. Avec une arrogance à laquelle il n’a aucun droit, il se donne comme un gouvernement de la démocratie et du peuple. En vérité, la démocratie et le peuple ont retiré leur confiance aux dirigeants actuels du pays.

Ces autorités ont perdu tout droit de parler au nom du peuple et de la démocratie par lesquels elles ont été désavouées. Elles ont perdu le droit de fixer la destinée d’un peuple qui refuse son assentiment à sa politique. Le moment est venu où le peuple laborieux doit prendre une influence décisive sur le développement ultérieur de la vie de l’État.

Nous demandons la réforme immédiate du gouvernement actuel du pays, conformément à la volonté présente du peuple. Nous demandons que le nouveau gouvernement s’engage à réaliser le programme minimum suivant :