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Ne fait pas, à sa voix touchante
Vibrer de plus charmants échos
Que le rameau touffu qui chante
Au vent du soir avec les eaux.

Tantôt ces rumeurs étouffées,
Ces frémissements passagers
Rappellent la ronde des fées,
Ou le vol des sylphes légers ;

Tantôt à l’oreille attentive,
On dirait le faible soupir
D’une ombre affligée et craintive
Qui sollicite un souvenir

Et quelle puissante harmonie
Sort des chênes ou des sapins
Balançant leur plainte infinie,
Pareille au bruit des flots lointains !

À ce roulis qui se prolonge
Et résonne avec majesté,
L’âme se recueille et se plonge
Dans des rêves d’immensité

Je suis le mobile feuillage
Qui, sur l’onde au limpide azur,
Jette ses mystères d’ombrage
Comme un voile sur un front pur