lorsqu’il y fut laissé couvert de blessures, l’avait conduit, disait-il, dans la Terre-Sainte. Le prétendu don Sébastien racontait l’histoire de sa guérison et de sa délivrance de la façon la plus intéressante et la plus vraisemblable. À Venise, des Portugais crurent le reconnaître ; ils tombèrent à ses pieds. De là, Cotisone passa à Florence sous un habit de moine : il y fut arrêté et conduit à Naples. Le duc de Lemos fut frappé de la hauteur et de la justesse de ses réponses. Ce prétendant, condamné aux galères, s’y fît respecter, et s’y concilia l’amour de tous les forçats. Transféré en Sicile, et visité par le duc de Medina-Sidonia, le prisonnier lui demanda avec fierté ce qu’il avait fait d’un petit Maure qu’il lui avait donné il y avait vingt-deux ans. Il finit par rappeler à ce duc une conversation fort importante que le roi don Sébastien avait eue avec lui. Le duc de Medina-Sidonia, surpris, atterré, se retira fondant en larmes, après quelques mots que l’aventurier lui dit à l’oreille. Par une bizarre singularité, cet homme avait, ainsi que le roi don Sébastien, un bras plus court que l’autre. Enfin, ce malheureux, le fourbe le plus adroit, ou le plus brave et le plus à plaindre des hommes, périt sur la roue. »
Parmi les descriptions pittoresques qui abondent dans cet ouvrage, plusieurs m’ont frappé vivement ; et je regrette beaucoup de ne pouvoir, entre autres, citer celle de Syracuse ; mais je n’omettrai point certainement ces détails intéressans sur la famille royale de Naples ; ce passage se termine par une phrase tout-à-fait française, dont je me sens besoin de remercier l’auteur des Souvenirs. « Le prince royal de Naples,