Page:La Muse Française, t. 1, éd. Marsan, 1907.djvu/150

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exécutés, néanmoins la lecture de ce volume est très intéressante. L’auteur possède l’art de se faire suivre avec plaisir dans ses excursions, et l’on entre volontiers dans les diverses impressions qu’il éprouve en 320 passant sur toutes les belles ruines dont cette terre antique est couverte. Ce n’est points il est vrai, un vieil érudit qui étonne par ses interprétations, ses suppositions, ses reconstructions ; mais tout bonnement un homme d’esprit et d’une imagination brillante qui admire et se souvient. Enchanté, pour le plaisir de mes lecteurs, de pouvoir substituer sa prose à la mienne, je citerai cette anecdote curieuse, dont je m’étonne que la poésie ne se soit pas encore emparée :

« L’île delle Femmine vit finir, en 1600, du supplice le plus cruel, un homme qui causa beaucoup d’inquiétude à la cour de Madrid. Il se nommait, a-t-on dit, Marco Tullio Cotisone. Les historiens espagnols affirment que cet aventurier était né à Maligano, village de la Calabre ; il se faisait passer pour don Sébastien, roi de Portugal. Une ressemblance parfaite avec ce prince, un air grand et majestueux, des manières nobles et élégantes, une connaissance approfondie des affaires politiques et des négociations secrètes de son temps, tout concourut jeter dans le doute les gens qui se croyaient le plus assurés que le roi de Portugal avait été tué en Afrique. Cependant le roi Philippe avait racheté des mains des Maures, pour cent mille ducats, le corps de don Sébastien. Marco Cotisone fut banni des états de la république de Venise, au moment où il disait qu’il revenait de Jérusalem. L’accomplissement d’un vœu formé sur le champ de bataille,