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place à une nouvelle Ondine, sage et douce comme un ange.

— Messire chevalier, dit le prêtre à Huldbrand vers la fin de cette heureuse journée, c’est un véritable trésor que Dieu vous a donné là par l’entremise de son humble ministre. Conservez-le bien et ce sera la source de toutes vos joies.

Le soir, Ondine, s’appuyant sur le bras de son époux, entraîna celui-ci dehors, du côté où le soleil couchant incendiait de vives lumières le feuillage des grands arbres. Ils marchèrent côte à côte, sans rien dire, ou du moins sans exprimer autrement leurs pensées que par de longs regards tout chargés d’amour. Peut-être s’ajoutait-il à cela dans les yeux d’Ondine, une vague mélancolie, mais Huldbrand, tout à sa joie d’aimer et d’être aimé, ne s’en aperçut pas. Ils arrivèrent ainsi au torrent débordé, et le chevalier fut tout étonné de voir que les eaux, rentrées dans leur lit habituel, avaient repris leur cours régulier.

— Demain, ce torrent qui mettait obstacle à ton départ sera de nouveau franchissable, dit Ondine avec des larmes dans la voix ; tu pourras donc reprendre ton chemin et quitter ce pauvre coin de terre perdu…

— Mais jamais sans toi, chère petite Ondine, répliqua Huldbrand ; pourquoi pleures-tu ? Quelle injuste pensée traverse encore ton esprit ? Nous sommes l’un à l’autre pour la vie !