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rien de plus pressé que de recommencer ses petites farces puériles.

À la fin, le prêtre lui dit avec bienveillance :

— Jeune et charmante dame, avez-vous songé, en cette grave circonstance, à mettre votre âme en harmonie avec celle de votre époux ?

— Mon âme ! s’écria Ondine en éclatant de rire ; voilà un joli mot, mais je n’ai pas d’âme…

Le prêtre, saisi, ne sut que penser d’un tel blasphème, et détourna son visage avec toutes les marques de la plus grande tristesse. Immédiatement, Ondine se jeta à ses pieds et le supplia de ne pas avoir de la peine, de lui témoigner de l’indulgence, de l’écouter et de mieux entendre ce qu’elle avait voulu signifier par ces étranges paroles.

On crut alors qu’Ondine allait conter sa véritable histoire et faire de longs aveux ; mais à peine se disposait-elle à parler en effet qu’un tremblement convulsif l’agita, que des sanglots la prirent à la gorge et qu’un flot de larmes lui monta aux yeux.

— Ce doit être quelque chose de bien doux, mais aussi de bien effrayant, murmura-t-elle enfin, que d’avoir une âme. Au nom de Dieu, saint prêtre, instruisez-moi !

Ces paroles achevèrent d’épouvanter les pieux habitants de la chaumière. Tout le monde se recula d’Ondine comme d’un être qui n’a pas été touché par les grâces du Seigneur,