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— Que me donnerez-vous, dit-elle, si je vous procure du vin ?

Les deux hommes se regardèrent, surpris.

— Mais non, je ne vous demande rien, continua-t-elle ; si vous reprenez un visage plus aimable, je me tiendrai pour payée. Suivez-moi ; le torrent a poussé un tonneau sur le rivage et je parie que c’est un tonneau plein de vin.

Huldbrand et le pêcheur suivirent Ondine. Parmi des herbes, dans une petite baie du rivage, ils trouvèrent en effet le tonneau dont avait parlé l’étrange jeune fille. Ils le roulèrent vers la cabane, en toute hâte, car l’orage, à présent, était sur le point d’éclater. Ondine aidait ses compagnons dans la mesure de ses forces. On se dépêchait, on se dépêchait, mais les nuages allaient encore plus vite ; ce que voyant, Ondine montra son petit poing au ciel en criant d’une façon menaçante et à la fois comique :

— Toi, là-haut, tâche de ne pas nous mouiller !…

Le vieux pêcheur blâma ce qu’il appelait une imprécation, mais Ondine en rit sous cape ; d’ailleurs, il n’arriva de mal à personne pour cette saillie sans gravité ; bien mieux, contre toute prévision, ils arrivèrent tous trois à la chaumière, avec leur butin, sans avoir été mouillés.

Ondine cria d’une façon menaçante et à la fois comique : « Toi, là-haut, tâche de ne pas nous mouiller ! »

On ouvrit le tonneau : un mince filet d’excellent vin en coula, dont on remplit les verres. Alors seulement les nuages se déchirèrent et une pluie torrentielle se mit à tomber. Le lac, en furie, se souleva en lames impétueuses ;