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tandis que, la crainte au cœur, je cherche partout cette enfant ?…

— Calmez-vous, bon vieillard ! répondit Huldbrand, je viens moi-même de trouver Ondine.

— Amenez-la donc, dit le pêcheur.

Mais Ondine ne l’entendait pas ainsi. Elle cria qu’elle préférait s’enfuir dans la forêt avec le bel étranger et ne pas réintégrer la chaumière où l’on ne faisait rien à sa fantaisie et d’où le gracieux chevalier partirait tôt ou tard. Puis, se penchant vers son compagnon dans un mouvement plein de grâce, elle se mit à chanter une jolie romance où l’on voyait un petit ruisseau quitter son vallon obscur, chercher le bonheur vers les larges horizons de la mer et ne plus jamais revenir.

Cette chanson arracha des larmes amères au vieux pêcheur ; mais Ondine ne semblait pas s’en soucier. Elle embrassait son bel ami qui lui dit enfin :

— Ondine, es-tu donc insensible ? Si les larmes de ce bon vieillard ne t’émeuvent point, elles me font à moi beaucoup de peine. Retournons chez lui.

— Que ta volonté soit faite ! répondit la jeune fille avec un étonnement qu’elle ne chercha même pas à dissimuler. Tout ce que tu désires, je le désire ; mais je voudrais cependant que ce bon vieux nous fît une promesse : c’est qu’il ne s’opposera plus à ce que tu me racontes tout ce que tu as vu dans la forêt.

Le pêcheur promit, trop heureux d’avoir retrouvé sa