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Les suivantes, désireuses de plaire à leur maîtresse, lui prodiguaient les compliments les plus flatteurs sur sa beauté et son teint éblouissant. Bertalda, qui se mirait complaisamment dans une glace, poussa tout à coup un soupir, en disant :

— Ne voyez-vous pas, là, sur mon cou, de légères taches de rousseur ?

Comme il était impossible de nier, les suivantes cherchèrent à consoler leur maîtresse en appelant ces taches des grains de beauté, de petites taches qu’on eût dit mises exprès pour faire ressortir la blancheur merveilleuse du teint. Mais la jeune femme gardait une moue dépitée.

— Quand je pense, dit-elle, que je pourrais si facilement m’en débarrasser ! Ah ! si on n’avait pas muré ce puits dont l’eau pure pouvait seule entretenir la fraîcheur de mon teint ! Comme je serais contente d’avoir un peu de cette eau !

— Ne vous faut-il que cela ? dit une jeune suivante en s’élançant dans l’escalier.

— Quelle folie ! dit Bertalda avec un sourire satisfait. Elle ne songerait pas, j’imagine, à faire enlever la pierre du puits cette nuit même ?

Mais, déjà, on entendait la suivante traverser la cour, puis amener des hommes au bord du puits en leur ordonnant de le desceller.

— Voilà une heureuse idée, fit en riant la jeune mariée, espérons qu’ils vont avoir vite terminé ce travail.

Ravie de voir qu’un seul mot d’elle suffisait main-