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de lui accorder sa fille en mariage. Cette proposition déplut au vieillard. Il avait aimé profondément Ondine et se disait que, peut-être, la chère disparue n’était pas morte — ou bien, si vraiment son corps gisait sous les eaux du Danube, Bertalda en était la cause responsable, bien qu’involontaire, et ne devait point usurper la place de la morte. L’insistance du sire de Ringstetten et les douces prières de la jeune fille eurent enfin raison de sa résistance. Sans témoigner aucune joie de ce mariage, il consentit à rester au château et à assister à la cérémonie.

On envoya aussitôt un messager au Père Heilmann, celui qui autrefois avait béni l’union d’Huldbrand et d’Ondine, pour le prier de venir au château de Ringstetten bénir le second mariage du chevalier. À peine le saint homme eut-il entendu le messager qu’il se mit rapidement en route. Il fit le chemin en moins de temps que le serviteur d’Huldbrand. Lorsque ses membres fatigués faiblissaient ou qu’il sentait la respiration lui manquer, il se répétait : « Courage ! Il est peut-être temps encore d’empêcher un grand malheur, ne faiblit pas, corps trop débile ! »

Alors il repartait, comme poussé par une force mystérieuse, et, marchant sans trêve, il arriva, un soir, dans la cour du château. Les deux fiancés étaient assis l’un près de l’autre, à côté du vieux pêcheur sombre et pensif. Dès qu’ils aperçurent le Père Heilmann, ils se levèrent vivement pour le saluer. Mais, sans s’attarder aux formules