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menaçant où grondait par moment la tempête. Soudain, il aperçut une forme blanche, et, transporté de joie à la pensée de retrouver la jeune fille, il éperonna son coursier. Mais le noble animal se cabra violemment, refusant d’avancer dans la direction où l’engageait son maître, si bien que celui-ci, impatienté, sauta à terre et l’attacha à un arbre. Aussi bien, il lui eût été impossible de traverser à cheval les broussailles enchevêtrées. Les ronces lui déchiraient la figure, le tonnerre grondait de plus en plus fort. Le chevalier jetait des regards inquiets sur le pays étrange qu’il parcourait, tout en se hâtant vers la forme blanche qu’il distinguait de plus en plus nettement, étendue sur le sol. Il arriva tout près d’elle en faisant craquer les branches et résonner ses éperons, il appela : « Bertalda ! Bertalda ! » La jeune fille, immobile, ne répondit point. Alors, il se pencha vers elle, cherchant à pénétrer l’obscurité pour reconnaître les traits aimés. Soudain, un éclair sillonna le ciel, éclairant une hideuse figure grimaçante, et une voix étouffée ricana :

— Donne-moi un baiser, mon bel amoureux !

D’un bond, Huldbrand se rejeta en arrière avec un cri d’effroi. Mais la forme blanche se leva et le suivit en murmurant d’un ton menaçant :

— Va-t’en, va-t’en chez toi ! Les esprits veillent ; si tu vas plus avant, tu seras ma proie !… Et les longs bras blancs se tendaient d’un geste impérieux.

— Ah ! maudit Kühleborn ! c’est donc toi ! Je te