Page:La Motte-Fouqué - Ondine, Hachette, 1913.djvu/145

Cette page a été validée par deux contributeurs.

charme doux et mystérieux ; mais je parle vainement, il ne me croit pas. Pourtant, à travers les larmes, le sourire peut briller, et quelquefois le sourire amène les larmes.

Elle regarda timidement son mari en souriant et pleurant comme elle le disait, et le chevalier sentit soudain en son cœur l’ivresse des premiers temps d’amour. Ondine le comprit et, se serrant plus fort contre la poitrine d’Huldbrand, reprit :

— Comme je ne puis réussir à persuader cet oncle dont je redoute la tendresse, il m’a bien fallu, pour m’en débarrasser, lui enlever le moyen d’entrer ici. Le puits de la cour est le seul endroit par où il peut pénétrer au château, parce qu’un de ses amis qui en est le possesseur le laisse passer, tandis qu’il est brouillé avec tous les autres génies des puits, fontaines et cours d’eau de la région. Ce n’est que beaucoup plus loin, vers le Danube, qu’il retrouve son pouvoir. Voilà pour quelle raison j’ai fait boucher le puits, et tracé sur la pierre des signes magiques qui enlèvent tout pouvoir à cet oncle trop bien intentionné. Ces signes n’ont pas de puissance sur les hommes, tu peux donc satisfaire le désir de Bertalda. Mais elle ne se doute pas de ce qu’elle exige. C’est à elle surtout qu’en veut Kühleborn, mais si ce que mon oncle redoute et prédit arrivait, toi-même, mon bien-aimé, tu serais en danger !

Huldbrand, plein d’admiration pour la noble créature qui se privait volontairement d’un puissant protecteur et