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jeta un regard courroucé sur la jeune femme qui baissa tristement la tête.

— Mon cher seigneur ne blâmerait pas le dernier de ses sujets sans avoir entendu sa défense. Voudrait-il faire moins pour sa propre épouse ? dit-elle.

— Eh bien ! parle donc et dis-nous pourquoi tu as agi ainsi.

— Je voudrais te le dire sans témoin.

— Ne peux-tu donc pas parler devant Bertalda ?

— Si tu me l’ordonnes, j’obéirai, mais, je t’en supplie, ne fais pas cela.

Elle prononça ces mots d’un ton si humble, si soumis, que le cœur d’Huldbrand tressaillit de pitié et s’émut au souvenir de l’ancien amour. Il prit tendrement sa femme par la main et l’emmena dans son appartement.

— Tu te rappelles mon oncle Kühleborn, dit alors Ondine ; je crois même que tu t’irrites de le rencontrer parfois dans ce château, et Bertalda elle-même en est souvent effrayée. Tu sais qu’il n’a pas d’âme et qu’il ne comprend pas les choses de la même manière que nous. Mais il m’aime, il s’obstine, malgré moi, à veiller sur mon bonheur. Il sait que parfois tu me parles avec sévérité ; alors je verse des larmes de douleur, tandis que Bertalda semble satisfaite. Cela lui met dans la tête mille pensées absurdes. Il se croit obligé de se mêler sans cesse à notre existence. J’essaie de lui faire comprendre que les peines et les joies d’amour sont liées les unes aux autres par un