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l’ancien amour ne se pouvait réveiller. Il frissonnait à la vue de sa femme, s’efforçait de se montrer affectueux, mais il ne trouvait le repos du cœur qu’auprès de Bertalda, comme lui enfant des hommes. L’auteur, qui a traversé des épreuves cruelles, ne veut pas, en vous racontant les tristesses de l’abandon, réveiller ses propres souvenirs mal assoupis. Mais revenons au château de Ringstetten.

Si Ondine vivait dans la douleur, les deux autres n’étaient certes pas plus heureux ; car celui qui cause les tourments est encore plus à plaindre que celui qui les subit. Bertalda s’aigrissait de plus en plus, croyant voir une revanche jalouse de la femme outragée dans la plus légère contradiction d’Ondine. Elle montrait à tous un air impérieux et dur, imposant ses caprices que la jeune femme devait subir parce que le chevalier donnait toujours raison à celle qu’il aimait.

Ce qui jetait le désarroi dans le cœur des deux complices, c’était le nombre des apparitions qu’ils rencontraient dans les sombres couloirs du château. Ils reconnaissaient Kühleborn dans cet homme de haute taille qui leur barrait souvent le chemin d’un air si menaçant que plusieurs fois Bertalda s’était évanouie de terreur. Mais ils se rassuraient en songeant à l’innocence d’un amour que ni l’un ni l’autre n’avait jamais déclaré. D’ailleurs, si la jeune fille quittait le château, où irait-elle ? Le chevalier avait, selon sa promesse, envoyé un messager au père de Bertalda.