Page:La Motte-Fouqué - Ondine, Hachette, 1913.djvu/138

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pourquoi elle ne les avait pas rejoints. Offrant sa main à Bertalda, pour la faire monter dans le carrosse, il l’y installa aux côtés d’Ondine, puis sauta en selle.

Les voyageurs s’éloignèrent rapidement. Peu à peu, la tristesse fit place à une douce joie. Les jeunes voyageuses admiraient les riches contrées qu’elles traversaient. Au bout de quelques jours, on vit apparaître le château de Ringstetten, où l’on débarqua par une radieuse journée. Le soir même, Ondine et Bertalda, laissant le chevalier en conversation avec ses intendants, gravirent un petit tertre qui dominait le parc. Elles admiraient le magnifique paysage qu’étalaient sous leurs yeux les riantes vallées de la Souabe, lorsqu’un homme de haute taille, s’approchant d’elles, les salua profondément.

Bertalda tressaillit, croyant reconnaître le maître-fontainier cause de ses malheurs. Elle ne douta plus que ce ne fût bien lui, lorsqu’elle le vit, sur un geste mécontent d’Ondine, s’éloigner à grands pas, en hochant la tête d’un air soucieux, exactement comme l’autre fois.

— Ne crains rien, ma chérie, dit Ondine, désormais il ne pourra pas te faire de mal.

Alors elle se mit à lui raconter sa propre histoire, expliquant comment Bertalda, jadis, avait été ravie à ses parents, et comment elle, Ondine, avait été conduite chez les vieux pêcheurs. Bertalda l’écouta d’abord avec terreur, pensant que son amie venait de perdre soudain la raison, mais, peu à peu, frappée par la coïncidence de tous ces