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vêtue non comme une princesse, mais comme la fille de pauvres pêcheurs. » Je n’ai qu’à m’incliner devant sa volonté, étant désormais seule au monde ; je vivrai humble et solitaire dans la chaumière de mes parents. Ce qui me cause une épouvante sans nom, c’est l’obligation de traverser la forêt redoutable, moi qui tremble au moindre danger. Mais, je ne viens pas à vous pour me plaindre, je suis ici pour implorer votre pardon, noble dame de Ringstetten. Je comprends maintenant que vous ne vouliez que mon bonheur et je regrette les paroles blessantes que, dans ma colère et mon dépit, j’ai proférées contre vous. Pardon ! pardon ! Je suis si malheureuse ! si punie ! Songez à ce que j’étais hier, avant ce fatal repas de fête, et voyez où je suis tombée !

Les sanglots l’interrompirent, mais Ondine la prit tendrement dans ses bras et, mêlant ses larmes à celles de la jeune fille, répondit :

— Tu viendras à Ringstetten avec nous ; rien ne doit être changé à ce que nous avions décidé. Je te défends seulement de m’appeler « noble dame » ; je reste ton amie fidèle. Dès mon enfance, j’ai pris ta place, nos destinées ne se doivent point séparer. Viens avec moi, nous nous aimerons comme deux sœurs.

Bertalda leva timidement ses beaux yeux vers Huldbrand qui, tout ému de compassion, acquiesça au désir de sa femme. Il engagea la jeune fille à les accompagner, en lui promettant de faire savoir aux vieux pêcheurs