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à la scène blâmaient hautement la dureté de Bertalda, mais cela aussi peinait la douce jeune femme.

Le lendemain, un carrosse attendait Ondine devant l’hôtellerie. Au moment où le chevalier parut, tenant par la main sa belle épouse, une jeune pêcheuse s’avança vers eux pour leur offrir sa marchandise :

— Nous n’avons besoin de rien, dit Huldbrand en l’écartant doucement, nous quittons à l’instant ce pays.

La jeune fille s’étant mise à pleurer, les voyageurs, surpris, la regardèrent plus attentivement et reconnurent Bertalda. Aussitôt ils rentrèrent avec elle dans leurs appartements et apprirent de sa bouche comment le duc et la duchesse, indignés de sa conduite, l’avaient abandonnée, non sans lui assurer une riche dot.

— Ne sachant que devenir, continua la jeune fille, je cherchai, pour les suivre chez eux, ces vieux pêcheurs que l’on prétend être mes parents…

— Ils le sont véritablement, Bertalda ; je le tiens de celui que tu pris pour un maître-fontainier. Il voulait à toutes forces m’empêcher de t’emmener avec nous et, au milieu de ses exhortations, il m’a involontairement livré son secret.

— Cet homme, ou plutôt mon père puisque vous affirmez qu’il l’est, m’a repoussée en disant : « Tant que ton cœur ne sera pas changé, nous ne voulons pas de toi. Pour te donner maintenant notre affection, j’exige de toi l’épreuve suivante : Tu traverseras seule la forêt hantée,