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— Vous tous qui assistez à une fête que je voulais si belle, dit Ondine, soyez assurés que mon cœur ne connaissait point les mœurs insensées des hommes et leurs âmes perverses. Jamais, sans doute, je ne pourrai m’y accoutumer. Si mon entreprise échoue, hélas ! pitoyablement, ne vous en prenez pas à moi ; je n’ai voulu que le bonheur d’une amie. Je ne me défendrai donc point ; mais ce que je puis vous affirmer, c’est que je n’ai point menti. Je ne puis, ni ne daigne vous en donner des preuves, ma parole doit vous suffire. Celui qui m’a révélé l’origine de Bertalda est l’homme qui, jadis, l’a ravie à ses parents en l’attirant dans le lac, et qui, ensuite, l’a portée sur le passage du duc.

— Tu n’es qu’une sorcière ! hurla Bertalda. Tu entretiens un mystérieux commerce avec les esprits malfaisants et les démons !

— Non, reprit Ondine avec force, il suffit de me voir et de m’entendre pour me croire innocente !

— Mensonges ! infamie ! Comment osez-vous prétendre que je sois l’enfant de ces misérables gens ? Ô mes chers parents adoptifs, emmenez-moi loin de cette demeure maudite où l’on m’accable de honte !

Le duc, pensif, se taisait ; sa femme dit alors :

— Il faut que cette affaire s’éclaircisse ; je jure devant Dieu de ne point sortir d’ici tant que la vérité ne sera pas établie.

— Noble dame, dit la vieille femme en s’avançant, votre bonté et votre justice m’encouragent à vous parler.