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la plus aimable et montra à Huldbrand des sentiments vagues où dominait une indifférence affectée.

Ondine passa bientôt pour une princesse merveilleuse délivrée par Huldbrand de quelque mauvais enchantement dans la forêt maudite. Quand on l’interrogeait elle-même sur son origine, un mot ou deux lui suffisaient à éluder fort adroitement la question. Le chevalier, de son côté, ne disait que ce qu’il voulait bien dire, et, quant au Père Heilmann, il avait presque immédiatement quitté la ville pour regagner son couvent. Si bien que les gens durent se contenter de leurs hypothèses ; Bertalda elle-même en fut réduite à ses imaginations. Ondine l’aimait cependant beaucoup et se sentait attirée vers elle :

— Je ne sais pas quel sentiment secret me pousse vers vous, disait-elle parfois à sa nouvelle amie, mais, dès que je vous ai vue, je vous ai aimée. On dirait qu’un lien mystérieux, quelque chose comme un souvenir, nous unit…

Quant à Bertalda, elle constatait avec surprise la sympathie qui l’entraînait vers une femme qu’elle eût dû haïr, puisque cette heureuse rivale lui avait ravi le cœur du chevalier.

Cette amitié réciproque fut cause que le jeune couple prolongea son séjour au château. Ondine invita même Bertalda à venir passer quelques semaines au manoir de Ringstetten qui s’élevait non loin des sources du Danube.

Par une douce soirée d’automne, le chevalier et les