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où il s’était engagé, il se trouva bon nombre de personnes pour conclure à la mort du pauvre chevalier. Bertalda ne se cacha pas pour le pleurer, et quand ses parents adoptifs, le duc et la duchesse, vinrent la chercher à la ville pour la reconduire chez eux, dans un château lointain, elle les décida à rester avec elle jusqu’à ce qu’on eût reçu des nouvelles certaines de Huldbrand, dont il fallait au moins, disait-elle, qu’on retrouvât le corps. Elle essaya de pousser quelques chevaliers, assidus auprès d’elle, à entreprendre des recherches dans la forêt ; mais elle ne comptait point en retour promettre sa main à aucun d’eux, sans doute parce que tout espoir de revoir Huldbrand vivant n’était pas encore perdu pour elle. Et pour gants et rubans, voire pour un baiser, personne ne consentit à risquer sa vie au service d’un rival si redoutable.

Lors donc que Huldbrand reparut inopinément, ses serviteurs et les habitants de la ville en témoignèrent une grande joie. Bertalda fut peut-être la seule à ne pas se réjouir ; mais le fait est que son visage, triste depuis longtemps, s’assombrit davantage encore. La raison en était que le chevalier ne revenait pas seul, qu’une femme d’une délicieuse beauté l’accompagnait, et qu’un prêtre, témoin de leur mariage, suivait ce couple heureux. Bertalda, prise entre un amour véritable et qu’elle avait déjà ouvertement avoué à tous, et la nécessité de faire face à des circonstances nouvelles, s’acquitta fort habilement de cette tâche délicate. Elle accueillit Ondine de la manière