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vêtements qui ondoient, sous les arceaux légers qui traversent, telles des flèches d’or, les rayons du soleil. Le soleil est de mes amis ; il joue volontiers parmi les reflets chatoyants de ma robe d’argent.

— Vous êtes un homme tout à fait étrange, répondit le moine.

— Mais vous-même, qui êtes-vous donc ? demanda l’étranger.

— Je suis le Père Heilmann, dit le prêtre, et je viens du couvent de la Salutation, qui est situé de l’autre côté du grand lac.

— Moi, répondit l’homme à la robe flottante, je m’appelle Kühleborn, le sire de Kühleborn, voire même le baron de Kühleborn, car si le mot baron signifie homme libre, il est vraiment fait pour moi, nul n’étant plus libre que moi sur cette terre… À propos, il faut que je dise un mot à cette jeune femme…

Et, brusquement, l’étranger se trouva à côté d’Ondine ; il parut quitter le sol pour atteindre au visage de la jeune femme et lui parler à l’oreille ; mais Ondine se détourna de lui, toute effrayée, en disant :

— Je n’ai plus rien de commun avec vous.

— Oh ! oh ! quelle grande dame vous faites, riposta en riant le sire de Kühleborn. Ne connaissez-vous plus vos parents ? Faut-il vous rappeler que c’est l’oncle Kühleborn qui vous a gentiment amenée dans cette contrée ?