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sur le seuil de la chaumière, et, devant le beau paysage qui s’étendait devant eux, Huldbrand, songeant à ce berceau de son amour, ne put s’empêcher de dire :

— Pourquoi nous hâter de partir ? Cet endroit est charmant et nous ne connaîtrons peut-être plus, ailleurs, des jours de douce solitude comparables à ceux que nous passons ici. Qu’il nous soit donné au moins de revoir deux ou trois fois le soleil se coucher sur ce paysage ami.

— Que la volonté de mon seigneur et maître soit faite, répondit Ondine souriante. Mais je pense aux deux bons vieillards qui ont été ici mes parents nourriciers. Ils vont avoir beaucoup de peine en apprenant notre départ, et je ne saurais peut-être pas leur cacher suffisamment que mon amour en m’attachant à toi m’a bien détachée d’eux. J’aime mieux aussi qu’ils ignorent mon âme nouvelle ; le souvenir qu’ils garderont de moi sera plus léger, la séparation entre nous moins cruelle. Telle qu’ils m’ont connue, un oiseau, une fleur me remplaceront exactement… C’est pour toutes ces raisons que je serais heureuse de voir abréger le moment pénible du départ.

Le chevalier comprit ces raisons. Il alla trouver le vieux pêcheur et sa bonne femme et leur parla avec bonté. Puis Ondine et lui, accompagnés du moine, prirent congé d’eux. L’adieu fut marqué d’affection et de reconnaissance de la part de chacun. Ondine surtout embrassa ses parents adoptifs avec la plus grande tendresse et leur dit de bonnes paroles d’une voix pleine de larmes. Puis Huldbrand aida