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PREMIERE PARTIE


determinément reſolu, que tous les Gentils ſe pouvoient ſauver avant la publication de

    avoit de tous les Peres, il s’eſt principalement prévalu de la doctrine de Saint Auguſtin. C’eſt celui que le Cardinal Bel larmin nomme virum ſanctitate º5 doétrina celeberrimum, qui vi voit du tems du Pape Eugene Quatriéme, il y a plus de deux cens ans, & qui pour n’en avoir vécu que quarante, n’a pas lais ſé de mériter ce merveilleux éloge dans l’Ecole.

    Hic ſtupor eſt mundi, qui ſcibile diſcutit omnne.

    Or on peut voir dans le cinquiéme chapitre de ſon Commentaire ſur le quatriéme livre des Rois, queſtion vint-uniéme, comme ſoûtenant, que les Gentils non Idolâtres ſe pouvoient ſauver du tems de la Loi de Moiſe, en obſervant celle de la Nature, il aſſure que cela eſt conforme aux ſentimens de Saint Auguſtin. Et ſic, dit-il, Auguſtinus vult Platomem ſalvuln eſſe, & multos alios de Philoſophis, qui ad umguem vitia corre aerunt ; & non erat veriſimile de eis ullo modo quod Idola colerent, ſed colebant verum Deuin. Il faut faire condanner l’Evêque d’Avila & beaucoup d’autres de calomnie envers Saint Auguſtin, auparavant qu’on me la puiſſe imputer, puiſque je n’ai cité le der nier en ceci que ſur la foi du premier, comme on peut voir dans la Section de Platon. Ie juge à propos de rapporter encore en ce lieu deux ou trois des textes de Toſtat, bien que ni lui, ni Louis Vives ne ſoient
    ici dans leur rang eu égard l’ordre du tems. Le premier texte ſera de ſon Commentaire ſur le ſecond chapitre de la Ge neſe, queſtion quatriême, où il prouve que l’obſervation du jour du Sabat n’étoit pas com mandée avant Moïſe, parce que ſi Dieu l’eût établie dès le com mencement du Monde, toutes les Nations y euſſent été obli gées. Cum ergo aliae Gentes mon ſervaſſent hoc praeceptuin, peccas ſent omnnes mortaliter. Sed fat ſum eſt, quia dicitur, quod omnnes antiqui Gentiles ante Evangeliumz promulgatum poterant ſalvari imz ſolis praeceptis juris Naturalis ſcilicet. Deum verum diligere ſupra ſe, 5 proximo mon nocere ; in quibus eſt totus Decalogus, ut patet Matth. 22. cap. Et ſic mul ti pomunt aliquos Philoſophos ſal vos, ut Socratemn, Platonem, 5’alios, qui tamen Sabbata mon cu ſtodierunt. Ie prendrai le ſc cond texte du chapitre trentié me, queſtion quatorziéme de ſon Commentaire ſur l’Exode, où il ſoutient que les Philoſo phes Ethniques n’étoient pas tenus de déferer aux Ecritures des Hébreux, ni de recevoir le vieil Teſtament. Et ſic dicem dum eſt generaliter, quod nullus de illis hominibus, qui tempore le gis Moſaica ſalvatus fuit in Gentilitate, cognovit Deum Hebraeo rum eſſe verum Deum. Sedputa bant eum eſſe ſicut unun de Diis aliarum Gentium. Nain cum illi boni eſſent, 5 veriſſime deſidera rent colere Deum veruin, & co-

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