Page:La Mothe Le Vayer - Œuvres, Tome 5, Partie 1, 1757.pdf/44

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
34
DE LA VERTU DES PAYENS.


Mais on ne ſauroit nier auſſi qu’il n’ai été cité par les plus anciens Peres, Origone, Termillien, Irenée, Clement d’Alexandrie, Euſebe, & aſſez d’autres, outre que St. Jerôme recommande ſon livre comme utile, dans celui qu’il a fait des Ecrivains Eccleſiaſtiques.

Clement Alexandrin[1] (g)[2] représente plus d’une de ſes Tapiſſeries, la Philoſophie, com-

  1. Lib. 1. & 7. ſtrom
  2. (g) Les divers lieux de Clement Alexandrin ſont ceux-ci : Premierement, Lib. 1. Strom. Iis qui a Philoſophia fuere iuſtificati, auxilium tanquam theſaurus reconditur, & ea conſenſia quæ ducit ad Dei cultum, & pietatem in Deum. Atque erat quidem ante Domini adventum Philoſophia Græcia neceſſaria ad iuſtitiam, nunc autem eſt utilis ad Dei cultum, & pietatem iis a qui fidem colligunt per demonſtrationem. Et un peu aprés : Omnium honorum Deus eſt cauſa ; ſed aliorum quidem principaliter, ut Teſtamenti veteris & novi : aliorum autem per conſequentiam, ſicut Philoſophia. Forte autem principaliter tunc etiam Græcis data fuit, priuſquam Dominus Græcos quoque vocaſſet. Nam ipſa quoque Græcos pædagogi more docebat & ducebat, ſicut lex Hebræos ad Chriſtum. Ce fut ſelon ce ſentiment qu'Eusebe écrivit depuis dans le ſexond chapitre du premier livre de son Hiſtoire Eccleſiaſtique, que la Loi des Hebreux, & les preceptes des Philoſophes, furent des preparatifs à la Loi de Grace, & à la venuë de Nô-
    tre Seigneur. Clement Alexandrin montre enſuite dans le même livre aprés diverſes allegories, par quelle voie la Philoſophie conduiſoit les Grecs à Ieſus Chriſt. Hinc ergo dicimus Philoſophiam nudam ratione habere inquiſitionem veritatis, & naturæ eorum quæ ſunt. Hæc antem eſt veritas, de qua ipſe dixit Dominus, Ego ſum veritas. Dans le ſixiéme livre il rapporte quelques paſſages des predications de Saint Pierre, d'où il conclut que ce n'étoit qu'un même Dieu qu'adoroient les Iuifsz, les Philoſophes Grecs, & les Chrétiens. Aperte oſtendet unum & ſolum Deum a Græcis quidem Ethnice ſeu Gentiliter, a Iudais autem Iudaïce, nove autem a nobis cognoſci & ſpiritualiter. Il ajoûte que comme Dieu pour ſauver les Iuifs leur donna des Prophetes, il ſuſcita auſſi des gens de bien & des Philoſophes parmi les Grecs à même fin. Et il croit ſelon le livre du Paſteur qu'il cite, que les Gentils vertueux reçurent l'Evangile aux Enfers, lorſque Jeſus Chriſt y deſcendit, ou bien par la pré-